Le groupe Lagardère mis en examen pour délit d'initié dans l'affaire EADS

Par latribune.fr  |   |  422  mots
Près de cinq ans après les faits, l'affaire des délits d'initiés autour de la vente des titres EADS rebondit. Le groupe Lagardèrerave;re, qui avait été blanchi par l'AMF en novembre 2009, a été mis en examen le 27 janvier dans le cadre de la procédure judiciaire ouverte fin 2006. Le groupe de médias, qui a révélé lui-même cette mise en examen vendredi, affirme que les deux juges d'instruction « récemment désignés dans ce dossier ancien » lui ont précisé « ne détenir aucune preuve à son encontre ». Pourtant, selon la loi, les juges, à ce stade de la procédure, doivent s'appuyer sur « des indices graves ou concordants » pour décider une mise en examen. « Le dossier est accablant », estime pour sa part l'avocat du premier plaignant dans cette affaire, Albert Tordjman. L'affaire remonte au 4 avril 2006 lorsque Lagardèrerave;re et DaimlerChrysler, principaux actionnaires privés d'EADS, ont chacun cédé 7,5 % du groupe aéronautique européen, soit la moitié de leur participation, pour environ 2 milliards d'euros chacun. Le 13 juin 2006, les retards de production du très gros porteur A380 étaient officiellement annoncés, provoquant le lendemain un plongeon de 25 % de l'action EADS. Les analystes avaient alors estimé à 700 millions d'euros ce que les deux actionnaires auraient perdu s'ils avaient conservé leurs titres. Les deux groupes ont toujours affirmé que cette cession était prévue de longue date. L'Autorité des marchés financiers (AMF) a établi par ailleurs que 17 des 21 membres des comités exécutifs d'Airbus et de sa maison-mère EADS avaient cédé entre le 19 juillet 2005 et le 13 juin 2006 plus de 1,7 million d'actions, réalisant une plus-value de 20 millions d'euros. Au terme de son enquête, l'AMF avait abandonné ses charges à l'encontre des dirigeants et des deux actionnaires. Désavouant ses propres enquêteurs, la Commission des sanctions de l'AMF avait jugé qu'il n'était pas possible de dire, en droit, que quiconque avait bénéficié, et utilisé, une information privilégiée. « Les juges d'instruction ont jugé bon de faire une interprétation opposée des mêmes faits », regrette Lagardèrerave;re SCA avant de se déclarer « pleinement confiante sur le fait que cette procédure se conclura, comme les précédentes, par sa mise hors de cause ». Au moins sept personnes physiques ont été mises en examen depuis deux ans dans le volet judiciaire de cette affaire, dont Noël Forgeard, l'ancien coprésident d'EADS, et en novembre dernier l'américain John Leahy, directeur commercial d'Airbus.