TF1 compte sur TMC et NT1 pour rattraper son retard sur la TNT

Par latribune.fr  |   |  566  mots
A TF1, le père Noël est arrivé avec quelques jours de retard. La filiale de Bouygues a appris jeudi que le Conseil d'État validait définitivement le rachat de TMC et NT1, soit un an et demi après qu'un accord eut été signé avec le vendeur... Le rachat de ces deux chaînes diffusées gratuitement sur la TNT doit permettre à la Une de rattraper son retard. Un retard qu'elle doit en grande partie à elle-même: son ancien patron Patrick Le Lay avait sous-estimé la TNT et postulé presque uniquement pour y diffuser des chaînes payantes. Mais la TNT s'avérera un grand succès d'audience, au détriment de la Une. « TF1 a dévissé plus vite que M6 et France Télévisions, et tombera sans doute à 22 % d'audience en 2011, a souligné l'avocat du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) devant le Conseil d'État. TF1 se retrouve structurellement affaiblie, et avait donc besoin de ce rachat, qui constitue un ballon d'oxygène indispensable pour rattraper son retard. C'est un rachat de rééquilibrage, et non de renforcement ». L'avocat du CSA a même rappelé que de lourdes obligations d'investissement dans la production pesaient sur les épaules de la Une... Surtout, il a rappelé que ce rachat ne permet pas encore à TF1 de compenser la perte d'audience subie depuis le lancement de la TNT. En effet, les deux chaînes acquises captent 5,1 % de parts d'audience, soit moins que les 7,5 % perdues par la Une depuis 2004.2009 Année exécrableMême constat côté publicité : les deux chaînes acquises ont engrangé 90 millions d'euros de recettes nettes en 2009. Cela ne compense pas les 216 millions d'euros de recettes nettes perdues par la chaîne TF1 entre 2004 et 2009, une année exécrable il est vrai. La perte de recettes publicitaires de la chaîne TF1 entre 2004 et 2010 devrait se limiter, selon nos calculs, à 150 millions environ, soit autour de 10 %. Mais pour M6 non plus, l?audience apportée par sa nouvelle chaîne sur la TNT, W9 (3,1 %) n'a pas compensé le recul de la chaîne mère (-4,7 % depuis 2004). Le pari des « vases communicants » n'est donc pas encore gagné pour TF1. Et cet argument a convaincu le Conseil d'État. « L'audience et la part de marché publicitaire de TF1 ont sensiblement décliné entre 2003 et 2010, alors que la TNT a connu une forte progression », ont estimé les sages du Palais Royal. À l'origine de l'affaire, M6 rappelait toutefois que la loi impose de favoriser « la diversification des opérateurs ». « Il est vrai que c'est un impératif de particulière importance, d'autant plus que les chaînes historiques ont eu droit à deux chaînes bonus [au lancement de la TNT puis après 2011 : Ndlr]», a jugé le Conseil d'État. Mais il calcule que, sur les neuf nouvelles chaînes TNT, cinq restent détenues par des nouveaux entrants. En outre, la loi permet à un même groupe de détenir jusqu'à 7 chaînes TNT, et donc « n'a pas entendu faire obstacle à ce que des opérateurs puissent obtenir d'autres chaînes via des acquisitions », indique le jugement. Conclusion : ce rachat « présente un risque limité au regard de l'objectif fondamental de pluralisme », et « ne compromet pas le maintien d'une diversité suffisante des opérateurs ». Et donc le feu vert accordé par le CSA «a bien pris en compte les équilibres de la TNT».