Irlande : comment ont été restructurées les six principales banques

Avec la fermeture progressive d'Anglo Irish Bank et INBS, la fusion d'EBS et Allied Irish Bank, la nationalisation de Bank of Ireland et d'Irish Life & Permanent, sans compter les milliards de cessions d'actifs, le secteur financier change de visage.
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1- Anglo Irish Bank et INBS

Les deux banques qui vont fermer

Les deux banques les plus touchées par la crise ne font pas partie des « stress-tests », et pour cause : Anglo Irish Bank et Irish Nationwide Building Society (INBS) sont progressivement en train d'être fermées.

Anglo Irish Bank symbolise le plus la crise irlandaise. Peu visible du grand public car ne prêtant qu'aux gros investisseurs (elle n'avait que quelques agences dans le pays), elle était pourtant très agressive pendant les années folles, prêtant beaucoup aux prometteurs immobiliers. Fin 2008, elle a dû être nationalisée. Depuis, l'État ne cesse de la renflouer : il a injecté 29 milliards d'euros, soit environ 18 % du PIB ! En 2010, Anglo Irish Bank a encore réalisé une perte de 17,7 milliards d'euros, la plus forte perte de l'histoire irlandaise. Le mois dernier, les derniers dépôts d'Anglo Irish ont été transférés à Allied Irish Bank, tandis que ceux d'INBS, une autre banque nationalisée, passaient à Irish Life & Permanent. Les portefeuilles de prêts des deux banques seront ensuite regroupés et progressivement fermés sous la supervision de l'État. E. A.

2. Allied Irish Bank et EBs

Les deux banques qui fusionnent

C'est la décision choc annoncée ce jeudi par le gouvernement irlandais. EBS Building Society, la cinquième banque du pays, va être fusionnée de force dans Allied Irish Bank (AIB), le deuxième établissement. Le gouvernement peut facilement décider cela : EBS est entièrement nationalisée, et AIB lui appartient à 93 % (un chiffre qui va passer à quasiment 100 % avec le renflouement décidé ce jeudi). Le résultat des « stress tests » indique qu'EBS va devoir augmenter son capital de 1,5 milliard d'euros et AIB de 13,3 milliards d'euros.

Pour le gouvernement irlandais, cette fusion fait suite à l'échec mercredi de la vente d'EBS. Un fonds de private equity avait mené des négociations pendant plus d'un an, avant de jeter l'éponge. Pour se redresser, les deux établissements reçoivent l'ordre de vendre ou de fermer pour 23 milliards d'actifs d'ici à 2013. AIB a déjà vendu sa participation aux États-Unis et en Pologne. Ce qui mène à un paradoxe : pour faire face à la crise, les banques irlandaises se recentrent sur la partie la plus toxique de leur activité. E. A.

3. Bank of Ireland

Le premier prêteur du pays est nationalisé

Premier prêteur irlandais, Bank of Ireland, faisait partie des établissements les moins touchés par la crise : l'État n'en possédait « que » 36 % jusqu'à présent. Mais avec une nouvelle injection de capital de 5,2 milliards d'euros, il en prend une majorité. L'État a cependant l'intention de faire de Bank of Ireland l'un des « deux piliers » sur lequel reconstruire le paysage bancaire irlandais, l'autre étant la fusion entre AIB et EBS. L'établissement reste « une marque reconnue », rappelle le gouvernement irlandais. Pour le redressement, l'État lui ordonne de se séparer entre « bonne » et « mauvaise » banque, et doit vendre ou fermer pour 30 milliards d'euros d'actifs d'ici à 2013. Ses filiales étrangères notamment seront en vente.

Symbole cependant de la vitesse à laquelle la situation s'est détériorée, Bank of Ireland se félicitait il y a six mois d'avoir terminé de lever les fonds nécessaires à sa recapitalisation, suivant à la lettre les « stress tests » du moment. Moins d'un an après, ces paroles rassurantes sont plus que périmées. E. A.

4- Irish Life ?& Permanent

La dernière nationalisation

Jusqu'au bout, Irish Life & Permanent a cru pouvoir échapper à la nationalisation. Cette petite banque, mais leader de l'assurance-vie en Irlande, avait encore réussi à émettre 5 milliards d'euros d'obligations l'an dernier. Jusqu'à ce jeudi, l'État n'avait pas injecté un seul centime dans cette institution. Mais avec deux fois plus de prêts que de dépôts, la banque dépendait trop des financements de court terme. La nationalisation était inévitable.

Les « stress tests » révèlent qu'IL&P a besoin de 4 milliards d'euros, une somme énorme par rapport à la taille de l'établissement. L'État irlandais va ainsi détenir plus de 50 % de l'établissement. « C'est un vrai choc », estime Jim Power, économiste basé à Dublin pour Friends First. Sa branche d'assurance-vie - la plus rentable - est désormais à vendre. Axa serait sur les rangs. La banque devra aussi séparer un portefeuille de 10 milliards d'euros de mauvaises dettes, à vendre ou à fermer. Depuis mercredi, les actions d'IL&P étaient suspendues. Quand elles reprendront ce vendredi matin, la banque aura fondamentalement changé.

 

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