L'industrie des fonds français tente de se vendre à l'étranger

L'Association française de la gestion financière a organisé un premier séminaire à Londres. L'occasion de casser des idées reçues.
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La gestion française cherche à s'exporter. L'Association française de la gestion financière (AFG) a organisé mercredi dernier pour la première fois un séminaire à l'étranger, en l'occurrence à Londres. Elle avait pour l'occasion lancé un nouveau logo, « Paris fund industry », avec la tour Eiffel en guise de « A » dans le premier mot. L'initiative fait suite au rapport du « haut comité de place » ? installé en 2007 par Christine Lagarde pour doper la compétitivité de la place ? remis il y a exactement un an et regrettant les freins au développement de cette industrie en France.

« L'un des problèmes identifiés était qu'on était un peu trop discret dans notre communication par rapport à la taille de notre industrie », explique Paul-Henri de la Porte du Theil, président de l'AFG. Il est vrai que la pente à remonter est longue. « La perception des fonds français au Royaume-Uni est généralement superficielle et fausse, estime Diana Mackay, directrice de Fund Buyer Focus, une entreprise qui réalise des études sur les fonds européens. L'impression générale est que les fonds français sont inaccessibles et distants. » En particulier, l'essentiel des sociétés de gestion appartient à des banques et à des assurances, et les conflits d'intérêts qui en découlent inquiètent.

Le modèle luxembourgeois

Vianney Dubois, directeur du consulting de Morningstar France, ajoute un autre cliché sur la France : « Nous [les Français, ndlr] sommes perçus comme une nation d'ingénieurs, avec des fonds très forts dans le quantitatif et l'obligataire, mais pas très présents dans la gestion actions. » Dernier point enfin : « On cherche à combattre l'idée que notre fiscalité est insupportable », explique Paul-Henri de la Porte du Theil. Tous disent que l'image des fonds français s'est améliorée ces dernières années, en grande partie grâce à Carmignac.

Ce séminaire de l'AFG à Londres copie ouvertement ce que font les autorités luxembourgeoises depuis des années. Mais pour l'instant, le succès reste limité. À peine 80 personnes étaient présentes à la rencontre française, dans une salle à moitié vide. En comparaison, la conférence luxembourgeoise en mai dernier à Londres était pleine à craquer, dans un amphithéâtre quatre fois plus grand. Il faut dire que l'industrie luxembourgeoise des fonds ne se déplace pas sans « VRP » de luxe, que ce soit le ministre des Finances ou le duc, car il en va de la santé économique du Grand-duché. Or il n'y avait aucun officiel français à Londres contrairement aux annonces faites il y a un an, à l'exception d'un représentant de l'Autorité des marchés financiers.

Un séminaire en Suisse ?

Plusieurs membres de l'AFG s'interrogent donc sur le réel intérêt que leur portent les autorités. Ces voix estiment aussi qu'il faut d'abord régler les problèmes que rencontre l'industrie en France, qui voit le montant de ses encours gérés diminuer au profit d'autres pays comme l'Allemagne ou le Royaume-Uni.

Paul-Henri de la Porte du Theil rejette l'idée que les autorités françaises ne le soutiennent pas. « Nous n'avions pas invité le Trésor, car on ne veut pas donner l'impression que c'est l'establishment français qui débarque. Mais si nous l'avions fait, je suis sûr qu'ils seraient venus. » Il estime qu'il a d'ailleurs l'intention de tenir d'autres séminaires similaires en Europe : « En Suisse sûrement, et sans doute ailleurs aussi. »

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