L'art Déco ou le luxe pauvre

Le mobilier d'entre les deux guerres est toujours très recherché, avec des prix faramineux pour les pièces signées. Parmi les griffes les plus recherchées, celles de J.M. Frank et J.E. Ruhlmann.

L'art Déco, un style de mobilier qui a marqué l'entre deux guerres, reste un secteur phare du marché de l'art, notamment à Paris, capitale mondiale en la matière, grâce à la présence d'experts et de galeries les plus réputés, d'acheteurs initiés et de marchandises nombreuses et de qualité. Lors de la vente record Bergé-Saint Laurent de février, plusieurs lots de cette époque ont été adjugés à des prix hors norme, par exemple un fauteuil "aux dragons" d'Eileen Gray à plus de 21,9 millions d'euros.

La crise financière a certes freiné les excès, mais les prix restent élevés, étrangement stables malgré un dollar en baisse, car les acquéreurs, surtout Américains, demeurent actifs pour les plus belles pièces, celles qui sont griffées et qui caractérisent un style.

Actuellement, deux tendances dominent l'art Déco. Devenus rares car souvent fabriqués pour une excécution spéciale, les objets "précieux" utilisent des matières premières onéreuses, acajou, ébène de Macassar, palissandre, loupe de frène ou d'orme avec des incrustations d'ivoire ou de cuir, et des poignées en bronze sculpté ou en nacre travaillé, voire directement des panneaux décorés d'artistes renommés. Le chef de file de cette sophistication est J.E.Ruhlmann, dont plusieurs pièces sont en vente à Paris. Dans cette lignée se situent également Cheuret, Rateau, Printz, Chareau, Groult : un simple secrétaire dépasse les 20.000 euros, cinq fois plus pour un meuble plus conséquent. A noter que ce 26 novembre Christie's France a vendu pour 1,5 million d'euros (la moitié de la vacation) de mobilier et d'objets Ruhlmann, notamment une suspension 313.000 euros pour une estimation de 200 à 250.000, une cheminée "colonnes" en marbre 193.000 euros ou un grand salon en palissandre 337.000 euros, le haut de son estimation.

L'autre tendance, celle qui domine désormais, va à la sobriété chic, emmenée par les oeuvres de J.M. Frank qualifiées de "luxe pauvre", car ce cousin éloigné d'Anne Frank, né à New York et très mondain, utilisait des formes simples pour des lignes rectilignes, mais avec des matériaux particulièrement riches, par exemple le galuchat (ventre de requin) ou le cuir de Russie. Ce style développé après 1930 est également celui de Dupré-Lafont, Royère, Arbus ou Dominique. On l'a retrouvé en nombre dans la collection Bergé-Saint Laurent cet hiver ; il atteint des sommets pour les pièces les plus représentatives, le must demeurant les objets en provenance de commandes d'époque pour des très grandes fortunes (par exemple J.M. Frank a décoré l'appartement des Noailles ou des Guerlain). Ici encore, les prix dépassent les 100.000 euros pour les meubles les plus décoratifs.

Comme souvent en fin d'année, les maisons de ventes regroupent les plus belles pièces dans des vacations consacrées à l'art Déco. C'est le cas, le 7 décembre à Drouot d'abord, avec la SVV Rieunier qui propose plusieurs fauteuils (de 5 à 10.000 euros) , une armoire (15.000 euros) et un bureau (300.000 euros) de Ruhlmann curieusement répartis dans une vente où l'on trouve également des tableaux anciens, des sculptures animalières du XIXème ou des candélabres dorés.

Le 9 décembre, Tajan met à l'encan dans ses locaux un fauteuil à haut dossier de Royère (20.000 euros), un secrétaire à deux tiroirs de Dupré-Lafon (150.000 euros), un miroir à poser de Ruhlmann (30.000 euros), un meuble rangement de Leleu (15.000 euros), un secrétaire de Krass (18.000 euros) ou une console de Sornay (10.000 euros).

Le 11 décembre, seront mis en vente des objets art Déco moins imposants, notamment une suite de quatre fauteuils, un meuble d'appui, une table basse ou une coiffeuse de Jules Leleu (de 2 à 10.000 euros).


- 7 décembre, Drouot Richelieu, salle 7, renseignements : www.rieunier-associes.com
- 9 décembre, Espace Tajan, 37 rue des Mathurins, Paris 9, renseignements : www.tajan.com
- 11 décembre, Drouot Richelieu, salles 5 et 6, renseignements : www.beaussant-lefevre.com

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Commentaire 1
à écrit le 19/01/2010 à 20:06
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Bonjour, "...le luxe pauvre"...je ne saisis pas bien votre titre ? La "pauvreté" vient du "mobilier" ? Oui! Sûrement par des prix hors nomes, trop souvent ! Pour une "Amoureuse de la Déco. par récupération et par "détournement" d'objet ",je "souffre"...

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