La Haute Epoque à nouveau tendance

Par Jérôme Stern  |   |  446  mots
L'Art déco de prestige, le mobilier estampillé ou le design en tirage limité atteignent des prix trop élevés, notamment pour les décorateurs qui construisent un intérieur autour d'un meuble d'exception. Ceux de la Haute Epoque, accessibles, ont leur préférence. C'est le cas aussi pour de nouveaux acheteurs, jeunes et passionnés.

Les antiquaires appellent "Haute Epoque" le mobilier réalisé entre le Moyen Age et la fin du XVIIème siècle. On trouve ainsi les arches (coffre au couvercle bombé?qui a donné le mot archive), cathèdres (fauteuil d'évêque), chayères (chaise d?apparat), caquetoires (chaise à dos élevé), huches (coffre à vêtements), dressoirs (ancêtres du buffet), et autres tables de monastères à entretoises.

Tous ces meubles sont peu adaptés aux logements modernes, rarement en parfait état, et demandent de sérieuses connaissances. Les amateurs sont assez rares et la Haute Epoque reste abordable. Ou tout au moins l'est, comparée aux meubles estampillés du XVIIIème, griffés Art déco ou prototypes Design.

Mais la mode est en train de changer: nombre de décorateurs (et de journaux spécialisés) préconisent de mettre en évidence dans un appartement contemporain un seul, mais très beau meuble ancien, qui se marie avec d?autres moins prestigieux. A cet engouement s'ajoute l'arrivée une clientèle jeune et aisée, lasse de trop de modernisme et peu attirée par les dorures classiques, qui se tourne vers la Haute Epoque.

Les rares ventes spécialisées recueillent à nouveau ? la Haute Epoque était appréciée jusque dans les années 70 - l?intérêt du public. Les adjudications, qui avaient nettement baissé, repartent à la hausse, mais encore modérément, et si les pièces d?exception dépassent les 150.000 euros, on peut trouver des longues tables de monastère ou des miroirs huguenots en écaille dès 1.500 euros. Avec deux exceptions: le cabinet (notre photo), composé d?une partie à vantaux ouvrant sur des tiroirs et reposant sur un piétement,  et la crédence, sorte de bahut comportant un entablement surmonté d?une partie supérieure à deux portes, le plus souvent sculpté. Ces meubles d?apparat sont particulièrement recherchés, et deviennent assez onéreux.

Le 7 avril, Millon propose à Drouot, au milieu d'une vacation de meubles plus traditionnels et de d'objets d'art classiques, quelques pièces de la Haute Epoque: une paire de landiers (chenets) en fer forgé (estimation 6.000 euros), un lutrin en chêne sculpté (9.000 euros), plusieurs coffres à façades décorées (de 5 à 12.000 euros), une table à allonges à l'italienne, travail lyonnais du XVIIème (50.000 euros) et un cabinet à huit tiroirs doubles en placage de noyer décorés de marbres simulant un paysage, travail allemand du XVIIème (25.000 euros). Plusieurs statues religieuses en bois (de 6.000 à 80.000 euros) complètent cette vente qui comporte également en première partie des étoffes anciennes et des costumes d'époque.

Le 7 avril, Drouot Richelieu, Paris, 14h15, renseignements: www.millon-associes.com