Autographes : lus et approuvés

C'est un marché en plein développement: les autographes recherchés depuis toujours connaissent une nouvelle jeunesse, avec l'arrivée de collectionneurs passionnés qui n'hésitent plus à surenchérir. Surtout pour les pièces historiques.

"On retrouve dans les lettres l'empreinte du coeur de son auteur", notait Victor Hugo, lui même grand amateur de mots écrits, plus de politiques que d'écrivains. Car collectionner des autographes demande d'abord une sélection, essentiellement thématique, littérature, sciences, art, sport, mais aussi période ou personnage. Et ensuite une connaissance toute particulière du sujet retenu: une banale correspondance signée de l'auteur des Misérables qui a beaucoup écrit pendant plus de soixante ans vaut beaucoup moins qu'une appréciation de Rimbaud, qui mort jeune, n'a laissé que peu de traces écrites. De même une annotation parisienne de Napoléon a nettement moins de valeur qu'un ordre rédigé la veille d'une bataille.

Les spécialistes suivent une classification technique: les lettres autographes signées (LAS), les lettres signées (LS), les lettres autographes (LA), les pièces autographes signées (PAS), les pièces signées (PS) et les pièces autographes (PA). Une pièce est une lettre ou une note mais peut aussi être un document officiel, une ordonnance, un certificat de mariage, un faire-part, une invitation, un reçu, un dos de photo ou un bas d'affiche...

Enfin, le destinataire peut être plus célèbre que son correspondant, ce qui augmente la cote de l'autographe, tout comme le lieu ou la date en fonction de la vie du signataire (Jersey par exemple pour Victor Hugo). Et bien évidemment l'état du papier, la qualité de l'écriture, le graphisme, le contenu, le format font partie de la valeur de l'autographe.

La cote dépend parfois davantage du nombre de papiers connus que de la notoriété du signataire: les lettres de Lamartine sont fréquentes, de Voltaire banales, de Maupassant courantes, de Flaubert moins coutumières, de Balzac plus rares, de Rimbaud très rares, de Molière exceptionnelles. De même certaines personnalités rédigeaient parfois des textes particuliers, aujourd'hui l'objet d'enchères élevées: un poème en rond d'Eluard, une dédicace dessinée de Picasso, une équation d'Einstein, un plan de Berthier, quelques notes de musiques de Bizet, une déclaration d'amour de Géricault, un souvenir personnel de Proust, une adresse postale colorée de Cocteau.

Les prix sont, logiquement, très variables: de quelques dizaines d'euros pour une simple dédicace d'un acteur ou d'un sportif à plusieurs centaines de milliers d'euros pour une lettre rare de Rousseau, un livret musical de Mozart ou un mot accompagné d'un dessin signé Chagall, mais la très grande majorité des autographes de qualité s'échange entre 350 et 5.000 euros.

La vente du 29 juin par la SVV Bergé et Associés à Drouot présente ainsi une centaine de lettres, manuscrits et autographes (et une grosse centaine de livres anciens), dont, une lettre signée de Napoléon Bonaparte mais écrite par son secrétaire le 23 Vendémiaire an 10 (14 octobre 1801), estimée 1.200 euros, une lettre signée "Henry", (Henri IV) accompagnée de quelques mots de la main de Sully (3.500 euros), une note autographe de Lincoln du 2 mars 1864 (4.000 euros), une missive de la main de Stéphane Mallarmé datée de 1878 ou un simple carton comportant la signature de Claude Monet du 17 février 1929 tiré d'un album d'une centaine de pages (1.200 euros).

Le 29 juin, Drouot Richelieu, Paris, 14h, renseignements: www.pba-auctions.com

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