La place du yuan dans le système monétaire âprement discutée

Jeudi au séminaire de Nankin sur le système des devises mondiales, initié par la présidence française du G20, la monnaie chinoise a cristallisé critiques et propositions.
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Se tenant jeudi à Nankin (est de la Chine), le séminaire sur la réforme du système monétaire international a finalement impliqué la Chine et sa monnaie, le yuan, comme souhaité initialement par la présidence française du G20 co-organisatrice de cette rencontre. Pékin avait eu beau claironner que « le yuan ne serait pas à l'ordre du jour », sa monnaie, considérée comme sous-évaluée par rapport aux autres devises, notamment le dollar, s'est donc bel et bien retrouvée au centre des débats.

Si le président français a appelé, dans son discours d'ouverture, à « évoluer vers un système de change plus flexible qui permette de résister aux chocs », le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a été lui plus direct pour critiquer la politique monétaire du pays hôte asiatique. Cette sous-évaluation de taux de change, dans une claire allusion à Pékin, est « le problème le plus important à résoudre dans le système monétaire international aujourd'hui et ce n'est pas difficile à résoudre : cela ne nécessite pas un nouveau traité ou une nouvelle institution mais peut être réalisé par des mesures nationales », a-t-il souligné.

« N'est-il pas temps aujourd'hui de s'accorder sur le calendrier de l'élargissement du panier des droits de tirages spéciaux (DTS émis par le FMI) à de nouvelles monnaies émergentes, comme le yuan ? » s'est interrogé le président français.

Si les participants du séminaire, ministres des Finances, gouverneurs de banques centrales et économistes de renom, étaient à l'unisson sur cette nécessité d'ouvrir les DTS à la monnaie chinoise, ils ne sont pas d'accord sur les conditions pour y parvenir. Pour le vice-gouverneur de la banque centrale chinoise Yi Gang, la convertibilité de la monnaie n'est pas une condition d'entrée.

« Un grand bond »

La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet ou Timothy Geithner sont de l'avis opposé. Le secrétaire américain a précisé que « pour réaliser cet objectif, les pays concernés devraient disposer d'un système de taux de change flexible, d'une banque centrale indépendante [du pouvoir politique, Ndlr] et autoriser la libre circulation des capitaux ». Le directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), Dominique Strauss-Kahn, également présent, a lui signalé que cette inclusion dans les DTS du FMI buterait « sur un certain nombre d'obstacles techniques » et « nécessiterait un grand bond dans la coordination internationale ».

La réforme voulue par Paris risque en effet de bloquer sur l'extension des pouvoirs du FMI. Il sera très difficile, selon un membre de la délégation française, que la Chine accepte la surveillance de ses réserves de changes (les plus importantes au monde) par un organisme international.

Même si le séminaire ne devait pas déboucher sur des résultats concrets, la France espère bien que les discussions de Nankin vont faire évoluer le débat vers un consensus qui doit voir le jour en octobre à Cannes lors de son sommet du G20 : à savoir mettre en place un code de conduite pour limiter les restrictions dans les mouvements de capitaux et que la Chine accepte officiellement d'entrer dans les DTS. « La réforme sera longue et compliquée » avait indiqué le vice premier ministre Wang Qishan en ouvrant le séminaire...

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