L'Edito de La Tribune : Vertige autour d'un trou

Par vsegond@latribune.fr  |   |  411  mots
Par Valérie Segond, éditorialiste à La Tribune.

On n'a pas de pétrole, mais on a des idées... Trente ans plus tard, notre balance commerciale atteste que l'on n'a guère plus de pétrole, et que nos idées sont à sec: 55 milliards d'euros de déficit commercial sont attendus pour 2008 en France, pendant que l'Allemagne dégagera un nouvel excédent de plus de... 170 milliards ! D'accord, rien de très nouveau. Si ce n'est que l'écart s'est accru dans des proportions vertigineuses. Et que l'on avait secrètement espéré qu'avec l'effondrement du prix de l'or noir et des matières premières, et une consommation qui tôt ou tard portera la trace de la remontée du chômage, le déficit commercial allait mécaniquement se réduire. Le "bon côté" de la crise, en somme. "Cela va venir !", pronostiquent certains économistes qui, en sus, tablent sur l'affaiblissement providentiel de l'euro face au dollar et au yen pour soutenir nos exportations. Bref, à les entendre, les données commerciales de septembre, qui n'ont intégré ni la baisse spectaculaire des prix de l'énergie, ni l'effet dopant de la chute de l'euro, ni les effets de la crise du crédit sur l'investissement en France, seront les pires de notre histoire. Est-ce bien sûr ? Car tout dépendra de la vigueur de nos exportations. Or, il faut reconnaître que le "made in France" a du plomb dans l'aile: hors énergie, et bien que l'on ait encore livré vingt Airbus en septembre et que les autres biens d'équipement se soient plutôt bien vendus, le déficit commercial s'est creusé à un niveau jamais vu. Et ce, avant que la crise financière n'ait véritablement mordu sur l'économie réelle. Concurrencée par les pays à bas coûts, la voiture française a, depuis l'été déjà, de plus en plus de mal à se vendre. Qu'en sera-t-il demain, lorsque en Europe comme aux Etats-Unis, tous nos meilleurs clients auront basculé dans la récession ? La vitesse avec laquelle le FMI a recalé à la baisse ses prévisions d'activité dans les grandes économies pour 2009 fait froid dans le dos. Vu les 71 annulations de commandes d'Airbus enregistrées en octobre et les difficultés du secteur aérien dans le monde, ses livraisons ne feront plus longtemps office de cache-misère. Ce n'est que dans un monde en expansion que la France parvient, tant bien que mal, à masquer ses faiblesses.