L'édito de la Tribune : Taux à zéro, temps des zéros

Par latribune.fr  |   |  327  mots
Par François Lenglet, rédacteur en chef de La Tribune

Ce jeudi, la banque centrale européenne a abaissé ses taux d'intérêt de 0,75%, un geste d'une ampleur inédite. La Banque d'Angleterre a fait de même, réduisant les siens de 1%. En deux mois, les taux anglais ont été diminués de 300 points de base, une décrue sans précédent depuis les années trente. La banque de Suède avait fait de même le matin même, suivant celles de l'Australie, de Chine, des Etats-Unis... Toute la planète est désormais à taux zéro, compte tenu de l'inflation. Le prix de l'argent, qui est le baromètre de notre appétit pour l'avenir, s'est effondré.

Aujourd'hui encore, la France présentait son plan de soutien à l'économie. Vingt-six milliards d'euros à Paris, 200 milliards au total en Europe, 600 milliards de dollars en Chine, 700 milliards aux Etats-Unis. Cette vague mondiale de plans de relance suit de peu une opération de garantie publique des dettes bancaires de plusieurs milliers de milliards de dollars. C'est une gigantesque nationalisation des emprunts privés qui est en cours, destinée à rétablir le bilan des agents privés au détriment des agents publics, banques centrales et états du monde entier, qui se chargent démesurément.

Une démesure qui répond à celle de la crise, mondiale elle aussi - c'est la première fois depuis l'entre deux guerres que l'activité chute à ce rythme de façon synchrone aux quatre coins du monde. Un million de voitures neuves qui ne trouvent pas preneur en France. En Espagne, des centaines de milliers de logements vides. Dans ce même pays, 171.000 chômeurs de plus sur le seul mois de novembre. Des prix de l'immobilier qui chutent de 2 à 3% par mois en Grande-Bretagne. Aux Etats-Unis, six cents mille ménages qui se déclarent en faillite personnelle chaque trimestre... Pour commenter l'actualité économique de 2008, il suffit de prendre les chiffres de 2007 et de rajouter deux zéros.