L'édito de La Tribune : "Ferblanterie socialiste"

Par flenglet@latribune.fr  |   |  338  mots
Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Disons-le sans ambages : le constat qu'a fait Martine Aubry sur la crise, en présentant hier son contre plan de relance, est parfaitement juste. La stagnation des revenus des ménages, aux états-Unis en particulier, est bien la cause de l'endettement délirant qui plombe l'économie mondiale. La croissance des inégalités, sans précédent depuis l'entre-deux-guerres, a remonté le ressort du désastre des subprimes.

Vue ainsi, la crise que nous connaissons ne doit pas être attribuée aux Madoff, Kerviel et autres amateurs de zéros. La dérive du capitalisme n'est pas le fait d'un petit groupe d'escrocs et de goinfres, c'est la crise d'un modèle de croissance, d'un système de répartition des revenus. Et c'est pour cela qu'elle sera difficile à résoudre, tout comme l'avait été celle des années 1930, qui n'avait débouché sur les Trente glorieuses que quinze ans plus tard.

Autre constat imparable du PS, les taux de profits fantastiques exigés naguère par les "marchés" n'étaient pas compatibles avec la croissance de l'économie mondiale. Lorsque celle-ci progresse de 4%, les entreprises ne peuvent voir leurs bénéfices durablement croître de 15%. Ce n'est pas de l'idéologie, mais de l'arithmétique. Mêmes les marchés, passablement durs de la feuille, viennent de s'en rendre compte, et il nous en font une jaunisse.

Si le diagnostic du Parti socialiste est convaincant, les remèdes qu'il préconise ne le sont guère. Augmentation des salaires, des minimas, des allocations, des primes, des indemnités chômage. Création de 200.000 emplois, retraites anticipées, doublement, abondement, contributions, aides, soutiens, rattrapage, sauvetage, financement, toute la ferblanterie socialiste du dernier quart de siècle a été époussetée pour l'occasion. Eau et gaz à tous les étages, caviar et langouste tous les jours. Il ne manque guère que l'interdiction des jours de pluie. On ne résout pas la crise la plus grave du siècle en jouant au Père Noël.