Le contre-plan de relance socialiste : un goût de déjà vu

Lors de la présentation mercredi du "contre-plan" de relance élaboré par le parti socialiste, sa première secrétaire, Martine Aubry, avait critiqué l'absence d'ambition du plan de relance du gouvernement. Patrick Devedjian, ministre chargé de sa mise œuvre, répond point par point aux objections de Martine Aubry et critique à son tour les mesures préconisées par les socialistes.

La France fait partie des pays qui ont le mieux résisté à la crise jusqu'à présent, ce qui témoigne de la solidité de ses fondamentaux économiques. Contrairement à ce que voudrait faire croire le Parti socialiste, l'origine de la crise actuelle est bien évidemment américaine et financière, et non pas structurelle.

D'abord, en 2008, la croissance française sera restée positive (0,7% selon les dernières prévisions de la Commission européenne). Ensuite, le chômage a diminué de façon continue depuis le début de l'année 2006, atteignant 7,2% au deuxième trimestre 2008, soit un plus bas depuis vingt-cinq ans : notre pays est forcément atteint par une crise qui est mondiale, mais il résiste mieux que d'autres parce que la loi Tepa (Travail, emploi et pouvoir d'achat, le "paquet fiscal") avait anticipé ce qui est arrivé en distribuant notamment un surcroît de pouvoir d'achat.

Le maintien du pouvoir d'achat est évidemment une préoccupation majeure du gouvernement. La bonne solution, ce n'est pas d'augmenter le Smic ou de baisser la TVA. En effet, le maintien du pouvoir d'achat passe par le soutien à l'activité économique et à l'emploi. Favoriser l'investissement est le moyen le plus sûr d'atteindre ces objectifs. Car l'investissement, ce sont des travaux, des commandes aux entreprises, c'est donc de l'activité et de l'emploi.

Axer la relance sur l'investissement permet d'améliorer la compétitivité de demain en répondant à l'urgence d'aujourd'hui. Le PS, lui, cède à la tentation du saupoudrage. Les effets d'une relance par la demande sont, hélas, bien connus. Soutenir ainsi la demande interne revient à soutenir nos importations, c'est-à-dire les concurrents de nos PME... Et ce, au moyen de la dette publique. Est-ce là l'effet que nous pouvons souhaiter à notre économie ? Une telle politique a d'ailleurs déjà été mise en ?uvre dans le plan de relance de M. Mauroy en 1981. Avec les résultats que l'on connaît. Le chômage a augmenté, le déficit extérieur s'est aggravé, le déficit public a plongé, l'inflation n'a pas diminué et le franc s'est effondré.

Il ne s'agit pas d'être "contre le soutien à la consommation", mais d'être efficace dans ses choix. Or, la relance par la consommation n'est efficace que si les mesures sont ciblées. Avec la prime de solidarité active de 200 euros qui sera versée à environ 3,8 millions de personnes au premier semestre 2009 en anticipation du RSA (Revenu de solidarité active), le doublement du prêt à taux zéro, le financement exceptionnel accordé à 30.000 Pass-Foncier, la prime à la casse, nous répondons à des objectifs précis : soutien aux plus démunis, accession à la propriété, soutien aux secteurs du logement et de l'automobile. A l'inverse, une baisse généralisée de la TVA manque son but puisque cette mesure ne privilégie pas les plus démunis, voire favorise les consommateurs capables de dépenser le plus... Et risque de ne pas totalement profiter aux consommateurs puisque les entreprises peuvent n'en répercuter qu'une partie.

La relance par la consommation peut apparaître séduisante, flatteuse même, mais elle n'est pas efficace. Par exemple, la réduction d'un point de TVA coûte 7 milliards d'euros et génère 0,1 point de PIB. La même somme investie induit 0,3 point de PIB. La même somme affectée à l'investissement a trois fois plus d'effet que si elle était affectée à la consommation. Keynes, si mal compris des socialistes, les désavoue par avance quand il écrit, en 1931, "la seule alternative théorique serait une vaste augmentation de la consommation des ménages aux dépens de leur épargne, extravagance collective qui, au moment où chacun est nerveux et hésitant, a peu de chance de se produire".

Le plan de relance présenté par le président de la république le 4 décembre dernier ne souffre pas d'oublis. C'est au contraire un plan équilibré. Fondé sur l'investissement, il comporte également des mesures directement destinées à favoriser l'emploi : toutes les nouvelles embauches que les entreprises de moins de dix salariés réaliseront en 2009 seront exonérées de l'intégralité des charges patronales au niveau du Smic. Ce sont 3 millions de recrutements qui seront concernés.

D'autre part, nous injectons des moyens financiers dans la trésorerie des entreprises et des collectivités en leur remboursant de façon anticipée la TVA : les créances sur l'État ne sont pas des écritures comptables. Ce sont bien plus de 12 milliards d'euros qui devraient ainsi être injectés dans l'économie.

Nous n'avons pas perdu de temps. Quand nous sommes déjà dans l'action, le PS en est encore à l'incantation. Certains même, en son sein, qualifient le plan présenté par Mme Aubry de décalé et virtuel. Le nôtre est calé et réel. Dès le 4 décembre 2008, le président de la république a eu le courage d'annoncer un plan massif, rapide et concret. Chargé par le Premier ministre de la mise en ?uvre de ce plan, je fais depuis le mois de décembre le recensement de tous les projets d'investissement qui pourront démarrer dès le mois de février 2009. Nous en annoncerons mille à la fin du mois, et ce n'est qu'un début.

Je veux créer de l'emploi là où la crise en détruit et redonner confiance aux acteurs économiques, aux salariés, aux Français. Je suis au parlement pour faire voter les textes du plan de relance. Je suis aussi, et surtout, sur le terrain pour rencontrer les élus, évaluer les projets et donner corps à la relance. Nous nous donnons les vrais moyens de notre action. Le Parti socialiste ne survit que de ses chimères.
 

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Commentaires 6
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Même si les solutions du PS ne sont en effet pas trop adaptées, devedjan et sa bande de guignols feraient quand même mieux de faire profil bas. Quand on a même pas été capable de voir arriver la crise, en la niant par la suite, on s' écrase. Au lieu ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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LES PARLEMENTAIRES DORMENT - laissons les dormir, et même ronronner, se goinfrer, c'est le meilleur moyen de s'en débarasser plus tard.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est grace à l'INCONSEQUENCE et meme à l'IGONRANCE que la Gauche va revenir. Continuez Monsieur DEVEGJIAN, Martine vous dit merci.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Mr DEVEDJIAN devra surtout être attentif à ce que les lois qu'il veut promouvoir trouvent des décrets d'application. Le rapport du Sénat est édifiant et le gouvernement qui devait être celui de la rupture est en ce domaine celui de l'absolue continui...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La (mauvaise) habitude, en France est de prétendre faire, en tout, mieux que les autres et de croire que la France est le phare de l'humanité; cela nous a conduit, en deux siècles, à une instabilité politique "bananière" qui est certainement un recor...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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ce ministre n'a rien à nous proposer mais par contre comme ils sont tous heureux à croire que la soit disant "crise " eux là haut ils connaissent pas il va nous faire quoi à part auhmenter nos impôts et nos charges c'est ça qui nous attend c'est nou...

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