La revanche de la Fourmi chinoise

Par rjules@latribune.fr  |   |  365  mots
Par Robert Jules, journaliste à La Tribune.

Ces derniers temps, le rôle joué par Pékin n'est pas sans évoquer la célèbre fable de "la Cigale et la Fourmi" de Jean de la Fontaine. La Cigale occidentale s'étant endettée durant toutes ces années de croissance s'est en effet trouvée fort dépourvue quand la crise fut venue. Elle alla donc trouver la Fourmi chinoise, qui avait travaillé dur et avait économisé jusqu'à se constituer d'immenses réserves. Mais, contrairement à la fable, la Fourmi chinoise accepte de prêter, "intérêt et principal", à la Cigale pour mieux s'emparer de ses biens.

Dans toute fable, c'est le symbole qui compte. Après des années de méfiance à son égard, la Chine tient en effet sa revanche à la faveur de cette crise. Barack Obama a dépêché sa secrétaire d'État, Hillary Clinton, à Pékin pour parler relations commerciales tandis que le tapis rouge était déroulé quasi simultanément à plusieurs hauts responsables chinois, dont le président, en Afrique, en Amérique latine, en Russie et en Europe. Car, en ces temps de disette et de plans de relance qui rivalisent de montants faramineux, Pékin, via sa banque publique et son fonds souverain sans compter ses groupes industriels, dispose de milliards de dollars qui ont de quoi séduire nombre de sociétés au bord de la faillite à travers la planète.

Si Pékin cherche visiblement à sécuriser ses approvisionnements en matières premières, comme l'illustrent l'investissement de 19 milliards de dollars de Chinalco dans le géant minier Rio Tinto en Australie ou le prêt de 25 milliards de dollars aux pétroliers russes, l'offensive s'annonce tous azimuts. Ironie de l'histoire, malgré les grincements de dents provoqués par les ambitions de l'ex-empire du Milieu en ces temps de retour au protectionnisme, les gouvernements occidentaux sont en train d'adopter le pragmatisme du dernier compagnon de Mao Zedong, Deng Xio Ping, pour justifier l'ouverture économique dans son pays : "Peu importe la couleur du chat, pourvu qu'il attrape la souris." Ne serait-ce pas là le signe que la Chine est de plus en plus partie prenante de l'économie mondialisée ?