Aveuglement collectif

Par Esposito@latribune.fr  |   |  316  mots
Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

Faut-il gaspiller l'argent public pour sauver un groupe qui a perdu 81 milliards de dollars sur les quatre dernières années?? Voilà la question qui se pose au gouvernement américain face aux nouvelles pertes colossales dévoilées hier par General Motors. Le constructeur centenaire est épuisé, ses voitures délaissées et ses charges trop lourdes, plaident les partisans de la faillite.
De fait, le premier constructeur mondial, qui employait près d'un million de salariés à son zénith dans les années 1960, n'est plus que l'ombre de lui-même. Lui qui fournissait encore près d'une voiture américaine sur deux à la fin du XXe siècle, a vu sa part du marché américain fondre à 22 %. Preuve que ses modèles ne plaisent décidément plus. Et la charge de ses retraités, deux fois plus nombreux que ses actifs, vient annihiler tous ses efforts de productivité.
Mieux vaut donc en finir au plus vite. Pas si simple. D'abord ? et GM s'est largement employé à le montrer ces derniers jours ?, une telle faillite serait destructrice pour toute l'industrie automobile. Surtout, GM, comme Lehman Brothers l'an dernier, doit-il payer seul pour un aveuglement collectif?? Alors que les experts de l'environnement crient au loup depuis des années, les Américains n'ont rien voulu entendre. Achetant en masse, sans s'émouvoir, de gourmands 4×4 capables d'engloutir 15 litres aux 100 kilomètres. Et fondant toute leur vie sociale sur la sacro-sainte bagnole. Les États-Unis ne comptent-ils pas 3,1 voitures en moyenne par ménage??
C'est cette civilisation du gaspillage qui semble s'être fracturée. L'emballement soudain du prix du pétrole, conjugué à une violente crise du crédit, a fait s'effondrer le marché automobile américain à un niveau que nul n'aurait osé prédire. Le rebond viendra, c'est sûr. Mais dans l'intervalle, il faut l'espérer, les constructeurs auront appris la leçon. GM le premier??