Elargissement de l'UE : marche arrière, pause ou marche avant ?

Par Caroline Flint, député, ministre pour l'Europe du Royaume-Uni.

Cinq ans, douze nouveaux Etats membres et 104 millions de citoyens supplémentaires plus tard, l'élargissement a-t-il vraiment été bénéfique aux Etats membres de l'UE en 2004 ? Oui. Et la poursuite de l'élargissement ? Egalement. A condition que les candidats à l'accession satisfassent à des conditions d'adhésion strictes mais justes. La Commission européenne a récemment lancé son rapport sur l'élargissement de l'UE et les opportunités et défis qu'il présente. En Europe, c'est pour nous l'occasion de revenir sur les cinq dernières années, de réfléchir et de songer à l'avenir.

En ce qui concerne les candidats à l'accession comme la Croatie, l'ancienne République yougoslave de Macédoine et la Turquie, l'adhésion à l'UE présente des opportunités et pour nous des avantages. Les Etats membres sont fiers de leurs différences culturelles, mais en même temps, nous partageons des valeurs communes et nous établissons des principes très stricts. Donc, il est dans notre intérêt de voir ces valeurs et ces principes déborder des frontières actuelles de l'UE.

Sur le plan de la sécurité, par exemple, le Royaume-Uni a soutenu l'introduction du mandat d'arrêt européen pour faciliter le transfert des criminels présumés entre les Etats membres. Nous en profitons tous, car la criminalité dépasse de plus en plus les frontières nationales. Des criminels organisés originaires des Balkans arpentent les rues de nos villes et de nos métropoles. Il va donc de soi qu'il faut encourager les pays d'origine de ces hommes à travailler dans le cadre de notre système et réduire la menace à long terme qu'ils posent pour notre sécurité. L'adhésion de ces pays peut y contribuer.

Dans un premier temps, l'attrait de l'adhésion encourage des réformes dans les pays qui aspirent à devenir membres et dans un deuxième temps, l'appartenance pérennise ces réformes. Et l'on s'assure du respect des principes imposés. L'année dernière, la Bulgarie et la Roumanie ont fait l'objet de critiques pour n'avoir pas fait suffisamment progresser la lutte contre la corruption depuis leur accession. Dans le cas de la Bulgarie, une importante quantité de fonds européens a été suspendue. Le Royaume-Uni, après deux refus, est devenu membre en 1973. Depuis, le nombre d'Etats membres a été multiplié par trois, la croissance économique collective et la démocratie ont progressé et se sont implantées dans l'ancien bloc de l'Est.

La poursuite de l'élargissement n'est pas sans risque. C'est le cas de tous les progrès. Mais ce risque est limité par un cadre strict. Un cadre qui a également su fournir des revenus plus élevés, établir un plus grand nombre de partenariats et développer un outil puissant pour négocier nos valeurs et nos principes dans un monde en évolution. Bien entendu, se mettre d'accord sur des valeurs et principes communs n'est pas toujours chose facile. Dans toute l'Europe et notamment au Royaume-Uni, nous avons assisté à des manifestations et à des débats sur le droit de ressortissants de l'UE à travailler dans d'autres Etats membres.

Cependant, il y a un autre aspect à ce débat. Depuis 2004, plus de 100 millions de nouveaux clients ont investi dans le marché unique, conduisant le Royaume-Uni, par exemple, à accroître en 2005 ses exportations vers les huit nouveaux États membres de l'Europe de l'Est de plus de 150% par rapport à la décennie précédente. Les débats se poursuivent donc. Cependant, la menace que fait planer le repli sur soi est qu'il nous empêche de réaliser et de tirer parti de la force que nous apporte notre unité.

L'élargissement de nos valeurs communes au-delà des frontières existantes de l'UE nous permet de nous faire entendre plus clairement et plus vigoureusement en dehors de l'UE. Lorsque nous parlons à la Chine, à la Russie ou à l'ONU au sujet des échanges commerciaux, de l'énergie ou du développement international, notre influence collective nous aide à servir nos intérêts nationaux. Et c'est notre force collective qui nous permet de faire face aux défis de la crise économique actuelle et de progresser vers la reprise. L'union de membres qui partagent la même optique ne peut être que bénéfique. Par exemple, si l'Islande décidait de poser sa candidature, elle pourrait bien devenir un contributeur financier net et encourager l'UE à se tourner davantage vers l'extérieur tout en aidant à stimuler la croissance interne.

Cela nous ramène à la notion des valeurs et des hauts principes communs. Le Royaume-Uni ne soutiendra pas un calendrier fixe pour l'élargissement. Le rythme des négociations doit dépendre du rythme des réformes. Et tant que notre cadre englobe nos valeurs et nos principes, nous devrons continuer à aller de l'avant et poursuivre notre expansion. Un élargissement réussi s'accompagnera d'avantages très substantiels pour le Royaume-Uni, l'UE et les pays d'accession eux-mêmes.

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