L'Otan, un sujet qui ne fâche pas

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Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Quand on est dans l?opposition, il faut s?opposer, ça fait partie du job. Martine Aubry et François Bayrou ont donc expliqué qu?ils n?étaient pas d?accord avec le retour de la France dans les commandements intégrés de l?Otan, officialisé hier par Nicolas Sarkozy. Mais leur manque d?entrain sautait aux yeux.

Service minimum pour la première secrétaire du PS : "Il n?y a pas d?urgence ni de raison fondamentale, si ce n?est un atlantisme qui devient une idéologie", a-t-elle dit. Plus retors, le président du Modem estime que "le peuple français se voit enlever quelque chose de précieux et qu?il n?est pas juste qu?on ne lui ait pas donné l?occasion de s?exprimer". Le thème sous-jacent "on vous prend quelque chose de précieux" est sûrement plus porteur dans un moment d?angoisse que celui, politique et abstrait, de l?atlantisme.

Les deux leaders savent cependant qu?ils ne feront pas un grand succès avec l?Otan. Selon les sondages, les Français sont en majorité favorables au rapprochement proposé. Peu de voix s?élèvent en défense du purisme gaulliste pour sanctuariser le retrait français des instances dirigeantes de l?Otan, annoncé en mars 1966. Difficile aussi d?imaginer des manifestations de masse, comme ce 28 mai 1952 où les protestations communistes contre la venue à Paris du commandant en chef des forces de l?Otan en Europe, surnommé "Ridgway-la-peste", avaient tourné à l?émeute.

La vérité est que ni le nationalisme défensif ni l?antiaméricanisme ne sont particulièrement virulents en ce moment précis en France. L?Amérique, aujourd?hui, c?est Obama, et tous les sommets de dirigeants sont tendus vers une résolution collective de la crise économique. La France participe aux opérations de l?Otan depuis 1994, notamment en Afghanistan. Elle a pu refuser de suivre les Etats-Unis dans l?aventure irakienne, exactement comme l?Allemagne qui faisait, elle, partie intégrante de l?Otan.

Paris peut gagner de l?influence. Ce qu?il a de "précieux" à perdre, on ne voit pas bien.