Trabant contre Mercedes : un partout

Par flenglet@latribune.fr  |   |  306  mots
Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Début 1989, le chef de l'Etat de la RDA, Erich Honecker, déclarait : "le Mur tiendra encore cinquante ou cent ans". Quelques semaines plus tard, les premiers craquements se faisaient entendre dans cet édifice qui barrait l'Europe, jusqu'à l'incroyable insurrection du 9 novembre à Berlin.

Une seule Allemagne, ancrée dans une Europe qui multiplie les projets d'intégration. La démocratie qui gagne sans coup férir, après quarante ans de guerre froide. L'économie de marché qui triomphe, devant la déconfiture du socialisme. C'est pour célébrer cet événement que La Tribune, Roland Berger et HEC se sont associés dans les Rencontres de l'entreprise européenne 2009.

Vingt ans après, l'Histoire facétieuse nous joue le tour de l'arroseur arrosé. C'est le capitalisme lui-même qui menace ruine aujourd'hui. Ses fondations tremblent, à cause de la crise financière. Le vainqueur d'hier se trouve à genoux, humilié, cherchant à grand-peine des pistes de réforme dans le retour de l'Etat et de la règle.

Comme si les Mercedes ne valaient pas mieux que les Trabant. Comme si marché et liberté, n'ayant plus d'adversaire, avaient été victimes de leur intempérance. Qu'avons-nous fait des promesses de cette nuit blanche du 9 novembre 1989 ?

Quant à l'Europe, si la chute du Mur lui avait donné un nouvel essor, l'effet qu'aura la crise est encore incertain. Nul doute qu'elle ne change le rythme de l'intégration, soit en l'accélérant s'il y a sursaut, soit en le ralentissant si les Etats se replient sur eux-mêmes à cause des difficultés économiques. Mais il y a plus préoccupant.

Depuis cinquante ans, c'était la libéralisation et l'ouverture des marchés qui étaient les principaux aiguillons de l'intégration. Demain, le retour de l'Etat et de la nation ne risque-t-il pas d'édifier de nouveaux murs en Europe ?