Comment améliorer l'éthique au sein de l'entreprise ?

Par Frédéric Cordel qui a de nombreuses années d'expérience dans les domaines de l'audit interne et externe au sein d'entreprises internationales.

"L'affaire" des bonus d'AIG, très largement médiatisée aux USA ces derniers jours, les stock-options de la Société générale, les indemnités de départ du président de Valéo : l'actualité récente a remis de nouveau sur le devant de la scène la question de l'éthique au sein des entreprises, et notamment de l'éthique des équipes dirigeantes. Cette question n'est certes pas nouvelle: depuis l'émergence du concept de "développement durable", de nombreuses sociétés étalent au grand jour leurs principes "éthiques" à travers la description rendue publique de leurs pratiques sociales, environnementales et économiques, regroupées sous le nom de RSE (pour Responsabilité sociale des entreprises).

Toutefois, cette question de l'éthique semble prendre une ampleur considérable en ces temps propices à une véritable chasse aux sorcières, au point d'impacter de manière durable la réputation (et donc sans doute à terme la valeur) d'entreprises jusque là considérées comme des modèles de réussite et des "best place to work". Dans ce contexte, une question principale se pose : comment améliorer l'éthique au sein des entreprise ?

Rappelons tout d'abord que l'éthique est une des composantes essentielles de ce que les auditeurs qualifie "d'environnement de contrôle". En d'autres termes, l'éthique est à la base de tout système efficace de contrôle interne. Sans elle, il est donc fort probable que les contrôles internes mis en place au sein des entreprises, aussi sophistiqués et nombreux soient ils, ne remplissent pas à terme leur mission, qui consiste à fournir une assurance raisonnable que les objectifs suivants seront atteints :
- les actifs de l'entreprise seront protégés, notamment contre le risque de fraude,
- les informations financières publiées seront fiables,
- le respect des lois et règlements en vigueur sera assuré,
- l'efficience et l'efficacité des processus opérationnels sera enfin garantie.

Dans ce contexte, renforcer l'éthique au sein des entreprise paraît donc indispensable, tant son manque peut entraîner de multiples défaillances au sein de l'entreprise (publication de comptes falsifiés, détournement d'actifs...). Ce problème a été très bien compris par les entreprises: au cours de ces dernières années nombre d'entre elles ont publiées un "code de conduite" ou "code d'éthique", communiqué à l'ensemble des salariés, et dont la violation peut entraîner des sanctions disciplinaires ou des licenciements. L'efficacité de ces codes a par ailleurs été largement démontrée dans de nombreuses études, et notamment dans celles publiées aux Etats-Unis par "l'Association of certified fraud examiners " (pour rappel, l'existence d'un tel code a été rendu obligatoire par la loi SOX de 2002).

Dans un tel contexte de renforcement "historique" de l'éthique au sein des entreprises, comment expliquer alors la situation actuelle? L'éthique au sein des entreprises est principalement véhiculée par l'équipe dirigeante, qui par ses actes quotidiens (refus ou non de signer un contrat public avec un pays dirigé par un dictateur, engagement de dépenses somptuaires...) adresse un message chargé de valeurs (positives ou négatives) aux salariés. Ce constat se retrouve très bien dans l'expression utilisée par les américains de "tone at the top" (ce qui pourrait se traduire par le "ton venant du sommet").

Renforcer l'éthique, reviendrait donc principalement à agir directement sur les comportements des membres de l'équipe dirigeante, ou à identifier a priori ou a posteriori parmi eux ceux qui auraient des profils non compatibles avec l'éthique telle qu'elle est définie dans l'entreprise, et plus généralement par la société (nous faisons ici l'hypothèse qu'il est peu probable qu'une entreprise affiche des valeurs contradictoires avec le bon sens commun).

Or personne ne semble aujourd'hui disposer d'outils adéquats pour gérer efficacement cette problématique : les membres de l'équipe dirigeante sont majoritairement recrutés par des cabinets spécialisés ou par les membres de leurs réseaux qui recherchent des qualités qui sont souvent sans rapport avec l'éthique, ou qui leur attribuent plus simplement des qualités intrasèques du simple fait de leur statut de dirigeant, et il est peu probable que des profils "éthiques" soient un jour dressés par des prestataires "indépendants" internes ou externes à l'entreprise (auditeurs internes ou externes par exemple).

Le salut viendra peut être des informations "éthiques" publiées par les entreprises, à la condition expresse que celles-ci soient validées par des prestataires indépendants, au même titre que les informations financières (ce que réclament les commissaires aux comptes).

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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réponse à la question : cesser d'avoir les dents qui rayent le parquets pour se faire du poignon, pensé à sa Vrai Vie, et ne pas oublié pour cela que "la paresse est la sagesse des dieux"

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est exactement qu'est-ce que je voulais dire !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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c la grande classe, la claclaclasse, la grande classe

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