L'université sé tan nou, sé pa ta yo !

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

La "coordination nationale des universités" appelle à la radicalisation du mouvement et à la désobéissance civile. Si l'on comprend bien, pour le volet radicalisation?: occupations, séquestrations, intimidations, déprédations - tout cela a déjà commencé ici ou là dans les universités françaises depuis trois mois. Et puis, pour le volet désobéissance, cette même organisation soutient les facs "qui décideraient la validation automatique du semestre pour les étudiants et l'obtention de la note nécessaire pour s'inscrire dans la formation de leur choix".

La coordination nationale des universités, disons-le tout net, a perdu la boule. Elle se prévaut d'une pseudo-légitimité démocratique puisqu'elle a été "mandatée" par des enseignants-chercheurs, des étudiants et des personnels de 51 universités, six établissements supérieurs type ENS et dix associations et syndicats. Démocratie sans corps électoral défini, sans pluralisme, sans liberté d'expression de l'opposition, sans mode d'élection transparent. Voyez quel qualificatif il convient d'appliquer à un tel régime.

La réforme de l'université vous déplaît, messieurs de la coordination?? Dommage, mais pas essentiel. L'université ne vous appartient pas (en créole?: sé pa ta yo). Elle appartient à la nation (sé tan nou). Celle-ci a le droit et le devoir de demander un meilleur service à ses fonctionnaires au bénéfice de tous ses enfants. Or, dans le capharnaüm qu'est l'enseignement supérieur français, efficace surtout dans la défense du statu quo, les enfants qui tirent le mieux leur épingle du jeu ne sont ni les gosses de riches, ni bien sûr les gosses de pauvres, ce sont les gosses de profs. Surreprésentés dans les classes préparatoires aux grandes écoles et les filières sélectives, ils peuvent travailler, eux.

Les malheureux étudiants des facs à qui l'on propose de valider leur semestre sans qu'ils aient eu de cours, sont l'habituelle chair à canon de la guérilla entre les enseignants et l'Etat. Leur diplôme est déjà peu considéré sur le marché du travail en temps ordinaire. Le dévaluer encore sous prétexte de "désobéissance civile", c'est l'assortir d'un bon d'accès à la galère.

Les parents des classes moyennes et populaires dont les impôts servent à payer cette répétition permanente du grand soir, le pays entier qui voit gaspiller ses ressources et l'avenir de ses jeunes, sont fondés à dire?: ça suffit?! La justice, l'école, l'hôpital traversent aussi l'épreuve des réformes. Ils ne cessent pas pour autant de juger, enseigner et soigner.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 16
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Si les enseignants sont alors en grève aujourd'hui c'est parce qu'ils entendent défendre des principes qui régissent la république française: La question qui doit alors se poser est celle-ci: Le savoir doit-il tendre vers ce qui est utile ou doit-il ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
hélàs! cet édito ressemble à un cri dans le désert

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Aux électeurs irresponsables du nain hydrocéphale, aux supporters inconditionnels de la clique fascisante au pouvoir, aux aveugles et sourds qui soutiennent un ultra-libéralisme qui les tuera et tuera vos enfants Que c'est bon de hurler avec les lo...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Que de mépris pour le suffrage universel et la démocratie parlementaire chez ces privilégiés à l'abri du chômage défendant leurs privilèges et qui font mine de penser que seul le grand satan sarkozy est responsable, or il a encore une majorité parlem...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Pas assez de deux mains pour applaudir à l?article de Sophie Gherardi. Il est bien que ces choses là soient dites. Si l?on veux que nos enfants acquièrent les connaissances nécessaires à notre siècle il faut faire barrage à ces anti tout qui ne veule...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Le texte d?Anna est intéressant. Pondéré, il donne lieu à une véritable analyse, loin des excès en tout genre. On y trouve une certaine opposition recherche/économie. Je sais bien qu?il y a la recherche fondamentale mais il y a aussi la réalité écono...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
...de quelques fonctionnaires de l'enseignement qui refusent le suffrage universel.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Universitaire, chercheur mais surtout enseignante je m'insurge contre les déclarations du CNU relative à la validation automatique des diplômes d'unviersité. Certes les universitaires sont pour une fois en lutte, mais ils pourraient déclarer une trè...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Madame, Vous ne connaissez rien au sujet que vous traitez, généralisant à tout un corps les propos d'une minorité. Répondre par un argumentaire à votre pitoyable papier ne servira à rien. Je vous laisse à vos ineptes certitudes.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Dans 99% des situations, ce sont les gosses des riches qui s'en sortent mieux. La tribune ne s'en plaint pas, on imagine pourquoi. Mais là, horreur, ce ne sont pas des gosses de riches qui s'en sortent, c'est terrible! Et ces enseignants chercheurs t...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
L'interprétation que vous donnez à l'appel à la radicalisation de la Coordination Nationale des Universités vous appartient. Mais elle ne saurait prétendre s'imposer. Le soutien aux UFR et aux IUT, et non aux universités, comme vous l'écrivez, qui dé...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Quelle médiocrité, Madame Gerhardi! Vous et vos amis du Monde ne savez faire qu'une chose: cirer les pompes de Sarkozy et Bolloré. Pitoyable... Plus que jamais s'impose notre charte de bonne conduite : ne plus acheter ni lire la presse de "révérence...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Je répondrai en tant qu' étudiante, on nous a demander si on voulait faire passer "le semestre blanc", et ça a été voté à l'unanimité. Donc s'il vous plait ne nous prenez pas pour de pauvre petit moutons sacrifiés en offrande.. De plus c'est le semes...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Bonjour, Le mouvement que nous connaissons actuellement au sein de nos universités est exceptionnel. Exceptionnel car il a été initié par les personnels de l'université. Exceptionnel par sa dimmension, la plupart des personnels adhèrent à ou souti...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
bon ben je ne pense pas qu'il faille lire la tribune pour avoir des infos objectives...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Quel joli billet! Sophie Gherardi qui connaît si bien l'éducation nationale, grâce à ses propres enfants, ose dire quelques vérités" politiquement incorrectes", avec humour!!! C'est tout son art Bravo!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.