Découvrez le cru fiscal 2009

Par sgherardi@latribune.fr  |   |  340  mots
Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

La communication embellit tout, à la différence de sa cousine ombrageuse, l'information. Même les impôts font désormais l'objet d'un "lancement", un peu à la manière du beaujolais nouveau ou des collections printemps-été. Hier, le ministre du Budget et des Comptes publics, Éric Woerth, présentait à la presse la campagne 2009 de l'impôt sur le revenu, avec son lot de nouveautés propres à séduire les clients.
Oui, nous sommes maintenant traités en clients qui apportent leur argent à l'État en échange de services. Croyez-vous que l'on déploierait de tels efforts pour des assujettis ou pour des contribuables, comme on appelait il n'y a pas si longtemps les cochons de payants ? La déclaration d'impôts de cette année, que nous recevrons entre le 24 avril et le 6 mai, et devrons retourner avant le 29 mai à minuit (pour la version papier), est encore plus simple que celle de l'an passé. Non seulement y figureront dans des cases préremplies les revenus salariaux, mais aussi les revenus de capitaux mobiliers.
L'heureux ministre a pu ainsi annoncer que le fisc connaissait d'avance les revenus de 90 % des contribuables. Il ne reste plus, dans les zones d'ombres propices aux erreurs ou ? ce qu'à Dieu ne plaise ? aux omissions, que les revenus fonciers, les plus-values et les revenus non salariaux, pour les commerçants par exemple. Les internautes verront aussi faciliter leur "télédéclaration", qu'ils pourront envoyer de n'importe quel ordinateur ? hommage à la cybermobilité contemporaine.
Autre nouveauté, plus substantielle celle-là : le cadeau "spécial relance" accordé à 6 millions de foyers fiscaux relevant des deux tranches les plus basses de l'impôt sur le revenu, qui ne paieront pas cette année les deux derniers tiers provisionnels. Et enfin, il y a la main tendue aux ? comment dire ? ? "exilés" qui décideraient de revenir au bercail dans le contexte nouveau créé par le G20 de Londres vis-à-vis des paradis fiscaux. Bonne foi aidant, ils ne seront pas poursuivis pénalement. Vigilant et débonnaire, tel est le cru fiscal 2009.