Les états d'âme sont rarement synonymes d'efficacité dans l'action. Le gouvernement nous en livre la preuve d'une façon étonnante au sujet de l'arrivée d'un quatrième opérateur de téléphonie mobile en France. Après réflexions, études et reports de décision, l'affaire avait été tranchée. Avec le feu vert de l'Élysée, François Fillon l'avait solennellement annoncé en janvier : un appel à candidatures pour un quatrième réseau de téléphonie mobile devait être lancé avant la fin du premier trimestre. Or... toujours rien. Et il ne s'agit pas que d'un retard administratif. Certains freins sont à l'?uvre (lire page 13). L'entourage de Nicolas Sarkozy, qui s'était montré hostile l'an dernier à cette piste pour faire émerger un concurrent face à Orange, SFR et Bouygues Télécom, semble revigoré. Il n'est heureusement pas question de revenir sur la décision, mais il s'agirait de « l'accompagner ». Drôle de vocabulaire ! On peut supposer que les trois seuls propriétaires d'un réseau de téléphonie mobile se frottent les mains. Ce n'est même pas sûr, tant cette attitude de « stop-and-go » sur un sujet aussi structurant pour le marché est pénalisante pour tout le monde. Les entreprises ne peuvent pas être gérées au jour le jour. Et dans les télécoms, pas moins qu'ailleurs, les groupes petits ou grands ont besoin d'une certaine stabilité de l'environnement réglementaire pour arrêter leurs stratégies commerciales et leurs plans d'investissements. Ce qui est vrai pour les trois acteurs en place l'est également pour Free, prétendant déclarer à la quatrième licence. On aurait envie aujourd'hui de dire, peu importe la décision, du moment qu'elle soit mise en ?uvre rapidement. Car à trop peaufiner et à faire attendre le marché et les consommateurs, on prend le risque de donner à cette quatrième licence une importance qu'elle ne revêt pas. Elle est l'un des leviers jugés pertinents pour accroître la concurrence dans le mobile. Elle n'est pas le seul.