Reprise : où est l'erreur ?

Par vsegond@latribune.fr  |   |  392  mots
Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.

Comment prendre au sérieux la parole politique quand l'activité réelle dit précisément le contraire ? Alors que chacun cherche les signes tangibles d'une sortie de crise, deux annonces se télescopent de façon troublante : "Pour la première fois, assurait le 27 avril Christine Lagarde, il y a une convergence de tous les pays pour dire... qu'on a terminé la descente et que l'on aborde la phase de stabilisation."
Ô joie ! Mais voilà qu'hier, patatras : les États-Unis publient un PIB du premier trimestre 2009 en recul de 6,1 % sur un an, battant les pronostics les plus sombres. Et ce juste après que Berlin a annoncé prévoir un recul de 6 % du PIB allemand pour cette année ! Où est l'erreur ? Sommes-nous dans le registre de l'incantation ministérielle, quand la stricte observation de l'activité nous amène à moins de fanfaronnade ?
Il y a sans doute un peu de volonté de ne pas casser le moral des troupes, déjà très fragile. Mais pas seulement. Les chiffres du PIB s'arrêtent à la fin mars, mois qui, selon les témoignages, semble avoir été le point bas de la dégringolade de l'activité depuis novembre. Vu le poids de l'industrie automobile, la prime à la casse a réussi à stopper la chute en vidant les stocks des constructeurs.
Ensuite, le soutien de la consommation aux États-Unis, et bientôt en Allemagne, et la désinflation due à la baisse des prix de l'énergie, ont soutenu l'appétit des ménages. Puis viendront les premiers investissements en infrastructures un peu partout. En clair, les plans de relance qui représentent 5 % du PIB mondial, dont l'essentiel sur 2009 et 2010, vont vite avoir un effet significatif sur l'activité. Ceux qui la suivent comme le lait sur le feu, le jurent : il y a bien un rebond de l'activité au deuxième trimestre, qui s'accélérera au troisième. Mais la reprise étant moins forte que ne le fut la chute, elle ne se verra pas dans les chiffres 2009.
Cette année sera marquée par ce que l'on appelle en économie un "acquis de croissance" négatif. La reprise n'aura d'existence statistique qu'en 2010, alors que la base de comparaison, 2009, sera très basse. Et que l'activité réelle, plombée par un chômage au plus haut, sera, elle, en berne... Méfions-nous donc des chiffres !