Le grand nettoyage bancaire

Par eizraelewicz@latribune.fr  |   |  439  mots
Par Erik Izraelewicz, directeur de la rédaction de La Tribune.

L'un a démissionné, l'autre a été démis. Daniel Bouton (Société Générale) et Dominique Ferrero (Natixis) ont fait preuve, à un moment ou à un autre de leur carrière bancaire, de grandes compétences et de belles performances. Le premier avait fait de sa banque (la Société Générale), un temps, l'établissement le plus rentable d'Europe. Le second avait tenté de redresser un enfant mal né (Natixis) avec, en permanence sur le dos, des parents (l'Écureuil et les Banques Populaires) qui ne s'aimaient pas.
Daniel Bouton était devenu, par son assurance, le bouc émissaire idéal. Dominique Ferrero est tué par celui (François Pérol) qui avait aidé à la conception de l'enfant maudit. Il y a, dans la chute de ces deux grands banquiers, une certaine dose d'injustice. Il y a néanmoins aussi la preuve que, dans le capitalisme français, les mécanismes de sanction, même s'ils ne sont pas parfaits, ne sont pas pour autant complètement rouillés.
La crise financière aura finalement été fatale, en France aussi, à de nombreux dirigeants de banque. Ces deux têtes tombent après celles des patrons de Dexia, de Calyon et des Caisses d'Épargne. Nul ne sait quand s'arrêtera le couperet.
Les deux affaires qui se percutent aujourd'hui dans l'actualité sont certes bien différentes. Elles démontrent néanmoins une même chose : quand on est responsable, à la tête d'une entreprise, que l'on est payé pour l'être ? bien payé en général ?, on est responsable des succès comme des échecs. Responsable et coupable. C'est sans doute dur à vivre ? pour un patron aussi. C'est pourtant sain. Si l'on prend le recul nécessaire, il faut reconnaître que les têtes qui sont tombées étaient celles des corps les plus malades. Salariés, actionnaires et clients de la Générale ou de Natixis ont payé, ces dernières années, un lourd tribut ? ceux de Dexia ou de Calyon aussi. Ils n'ont sans doute jamais vraiment pu peser sur le choix des dirigeants et sur les stratégies adoptées. La crise les aura finalement aidés.
Reste à savoir s'il suffit de changer une tête pour qu'un corps retrouve santé et bonheur. À La Défense (au siège de la Générale) comme dans le nouveau XIIIe parisien (Natixis), la question est ouverte. Les survivants les plus vaillants de la crise ? BNP Paribas, Crédit Mutuel ou Crédit Agricole ? vont regarder maintenant avec grand intérêt les nouvelles têtes tenter de recoller à ces corps malades.