Vive les profits des banques

Par pmabille@latribune.fr  |   |  440  mots
Par Philippe Mabille, rédacteur en chef à La Tribune.

La banque n'est pas une activité comme les autres, on l'a bien compris à l'automne dernier lorsque la grande peur d'une défaillance en chaîne des fleurons de la finance mondiale a fait frissonner des centaines de millions de déposants dans le monde entier. Même si l'on n'aime plus trop son banquier aujourd'hui, il ne faut donc pas se plaindre de voir que les banques, même soutenues par les Etats à coups de milliards, reviennent plus vite que prévu aux bénéfices, ce qui est après tout une situation normale.

Le mouvement est même spectaculaire. Avec un profit net de 1,5 milliard d'euros, BNP Paribas a réalisé au seul premier trimestre la moitié de son bénéfice sur l'ensemble de 2008, "annus horribilis" pour la finance mondiale. Et talonne le groupe pétrolier Total, encore le champion de France des profits. Ce résultat deux fois meilleur qu'attendu de la première banque de dépôt de la zone euro (après intégration de Fortis) est le signe que, en Europe aussi, le rétablissement des banques peut être rapide. Aux Etats-Unis, les géants Goldman Sachs et JP Morgan avaient donné le "la" en enregistrant des performances remarquables au premier trimestre, étonnantes vu la crise financière et économique.

Le paradoxe, c'est que la banque présidée par Michel Pébereau doit sa bonne santé avant tout à? son activité de banque de financement et d'investissement (BFI), ce que l'on appelle plus vulgairement "les marchés". En particulier, BNP Paribas s'est hissé à la première place sur les émissions obligataires en euros, profitant d'un appétit sans frein des investisseurs. Les revenus tirés de ses activités sur les marchés de taux ont ainsi été multipliés par quatre par rapport au dernier trimestre 2008 et par sept sur un an !

Les responsables de la banque sont toutefois lucides. Le coût du risque reste très élevé, les dépréciations d'actifs sont encore à venir et rien ne dit que ce climat positif va se poursuivre tout au long de l'année. De fait, si les banques reviennent si vite aux bénéfices, c'est bien parce qu'elles bénéficient d'un environnement exceptionnellement favorable avec des taux d'intérêt extrêmement bas, qui dopent leur marge d'intermédiation.

C'est d'ailleurs comme cela que l'on va en sortir, de cette crise. Les profits futurs serviront à rembourser les contribuables, dont les aides auront coûté cher aux banques. Mais leur auront permis, dans cette période difficile, de continuer à prêter à l'économie malgré la contraction du crédit.