L'Europe existe, à nous tous d'y prendre le pouvoir

L'Europe, à travers son parlement, a ces dernières années changé la vie quotidienne des Français. Nombre de lois sont entérinées à Strasbourg avant d'être appliquées dans le droit national. L'Europe a montré aussi qu'elle existe en tant que telle comme l'ont montré le conflit russo-géorgien ou la crise financière. Le choix des élus au parlement est important pour les citoyens. A eux de s'en saisir en votant, estime Alain Lamassoure, ancien ministre, député européen.

C'est fini : les événements ont tranché. Pour la première fois, le débat majeur sur l'Europe n'est plus entre ceux qu'elle enthousiasme et ceux qu'elle agace. Fédéralistes et souverainistes de papa peuvent être rangés dans la naphtaline. Nous sommes définitivement au XXIème siècle, la guerre froide est finie, le continent est rassemblé dans une Union politique dont la construction inachevée a été pourtant assez solide pour affronter efficacement trois crises majeures radicalement différentes : la guerre russo-géorgienne, la crise financière et le changement climatique. A chaque fois, l'Union a été assez unie et assez courageuse, non seulement pour tenir son rang, mais pour inspirer l'action des autres puissances mondiales.

Plus personne ne peut contester la solidité de l'euro, qui n'a pas bronché face au tsunami monétaire. Plus personne ne peut nier que la sortie de la crise économique dépendra de la capacité des Européens à rester unis et à continuer d'entraîner le reste du monde.

En même temps, l'importance du rôle du parlement européen a fini par percer même le mur d'indifférence des grands médias. Les Français ont appris à retardement, parfois avec stupéfaction, que 70% des nouvelles lois applicables chez nous sont décidées à Bruxelles ou sont la traduction nationale des règles européennes. Au lendemain de l'élection précédente, en 2004, c'est le parlement de Strasbourg qui a imposé José-Manuel Barroso comme président de la Commission, alors que les gouvernements avaient d'autres candidats.

C'est le parlement qui a réécrit entièrement la loi européenne sur les services, adoptée à une large majorité, à la place de la "directive Bolkestein" de mauvaise mémoire. C'est lui qui a résolu l'insoluble problème du financement du grand programme Galileo, le réseau de trente satellites qui donnera à l'Europe son indépendance industrielle et militaire en matière de GPS. Il a soutenu tous les projets de la présidence française, du pacte sur l'immigration à l'énorme dispositif "énergie/climat", qui étend à toute l'Europe les résultats du Grenelle de l'environnement.

De la sécurité des jouets des enfants au contrôle intégral des 30.000 produits chimiques, c'est encore le parlement qui est à l'origine de toute la législation sur la protection de l'environnement, comme de la lutte contre toutes les formes de discrimination. Elu directement par les citoyens, il défend de manière sourcilleuse les droits sociaux et les droits de l'homme, surtout lorsqu'un conseil des ministres faible, comme aujourd'hui, est tenté de céder, en ces matières, aux moins-disants des vingt-sept gouvernements.

Enfin, un accord étant en train de se dessiner avec les dirigeants irlandais, il est maintenant probable que le traité de Lisbonne s'appliquera d'ici la fin de l'année. Le nouveau parlement verra son pouvoir étendu à toute la législation européenne. C'est à Strasbourg, et nulle part ailleurs, que se fera désormais l'arbitrage financier entre l'agriculture, les fonds régionaux, la politique de recherche, les échanges universitaires, l'environnement...

Or, par une heureuse coïncidence, c'est maintenant, au plus fort de la crise, et à la veille de cette réforme majeure, que les Français, avec tous les citoyens européens, sont appelés à choisir quelle politique ils souhaitent pour l'Union européenne. Si le mode de scrutin n'est pas sans défaut, il a le mérite d'offrir aux électeurs une large palette de choix.

Et, à côté de spécificités très françaises, voire locales, certains partis ont su se fédérer au sein d'un vrai réseau politique européen : ainsi, l'UMP joue désormais un rôle clef, avec la CDU d'Angela Merkel, au sein du Parti populaire européen, premier parti historique à l'échelle de l'Union. C'est le Français Joseph Daul qui préside, à Strasbourg, le groupe politique du PPE, et cette position n'a évidemment pas été étrangère à la manière dont le Parlement européen a accompagné la présidence française.

Un grand classique de l'antiparlementarisme consiste à dire : "je ne vais quand même pas faire plaisir à tous ces politiques incapables, en me dérangeant pour aller voter !" La bonne blague ! L'abstention, ce ne sont pas les candidats qui en souffrent, mais les électeurs ! Quel que soit le nombre de votants, il y en aura toujours assez pour qu'il y ait des élus. En revanche, s'abstenir, c'est renoncer à choisir, au moment où l'on a enfin son mot à dire sur les choix les plus importants de notre vie en commun. C'est affaiblir la démocratie elle-même, au profit, d'un côté, des technocrates et, de l'autre, des agitateurs habiles à capter les images des télévisions ou les émotions éphémères des seuls internautes.

Jamais on n'a autant parlé de "démocratie participative" ou de "comportement citoyen". C'est le moment, pour chacun, d'exercer ce qui est, dans une démocratie, le plus fondamental de ses devoirs, et le premier de ses droits : voter. Pour soi. Pour les siens. Pour son peuple. Pour le monde.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Monsieur, arrêtez de vous fichez du monde -avant l'Europe , De Gaulle ne voulait pas de ce " machin " la France existait en meilleur santé, nous n'avons pas besoin d'un Etat supranational dont les élus n'ont aucun pouvoir -tout se décide en catimini...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.