Bernard Madoff, père indigne

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

"Votre Honneur, pendant de nombreuses années, jusqu'à mon arrestation, le 11 décembre 2008, j'ai fait fonctionner une chaîne de Ponzi au titre de l'activité de conseil et investissement de mon entreprise, Bernard L. Madoff Securities LLC, basée ici même, à Manhattan, au 885 de la Troisième Avenue, à New York. A dire vrai, je suis heureux d'avoir l'occasion, pour la première fois, de m'exprimer publiquement au sujet des crimes que j'ai commis et qui m'inspirent une peine et une honte profonde."

Telles sont les premières phrases des aveux lus par Bernard Madoff devant un juge le 12 mars 2009. En plaidant coupable, l'homme qui a englouti les économies de milliers de personnes et d'institutions abrège la procédure pénale. L'instruction sur sa culpabilité a été réduite au minimum et c'est ce qui explique que son procès puisse avoir lieu ce lundi 29 juin, moins de sept mois après son arrestation. Il n'en va pas de même pour les victimes, engagées dans un labyrinthe juridique dans l'espoir d'obtenir réparation. Une "alliance internationale" de 35 cabinets d'avocats défendant les intérêts des clients floués de Madoff s'est constituée à Madrid pour partager les informations. Elle évalue à 22.000 le nombre d'actions en justice entamées à travers le monde.

Pour "Bernie", les choses sont beaucoup plus simples : il risque cent cinquante ans de prison et, à 70 ans passés, il ne se fait guère d'illusions sur ses chances de recouvrer un jour la liberté. Ce maniaque du contrôle a mené de main de maître non seulement son business délictueux mais le scénario de sa "sortie" : l'aveu de l'escroquerie à sa famille, la dénonciation à la police par ses fils, son arrestation, sa confession écrite. Toute son argumentation consiste à expliquer qu'il était le seul au courant et le seul coupable. Très difficile à croire et sans doute inexact, mais cohérent avec ce qu'on sait de la personnalité de Madoff : sous son aspect débonnaire, c'est un autoritaire qui règne en monarque incontesté sur un petit monde familial.

Sur son site Internet on pouvait lire : "dans une ère où les propriétaires de sociétés anonymes sont eux-mêmes des sociétés anonymes, Bernard L. Madoff Investment Securities nous ramène à une ère plus ancienne du monde de la finance : le nom du propriétaire est écrit sur la porte." Il incarnait la figure ancestrale de la confiance, celle du bon père de famille. Et il l'a trahie.

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Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'était sans aucun doute un bon père de famille, mais seulement pour la sienne.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ne trouvez-vous pas honteux qu'un vieillard soit enfermé dans un cercueil de son vivant, alors mon "CONSEILLER FINANCIER" au LCL, m'a fait perdre, par ses conseils, 90% de mon bas de laine pour ma retraite. Il n'était en réalité qu'un "VENDEUR" trave...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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ne trouvez vous pas honteux, que des gens soient prêt à croire à des rendements superieurs à 7% sans aucun risque pour leur capital??? tout comme ceux qui croient que losqu'ils achètent une television en 4 fois, ça ne leur coûte pas plus cher??? Si c...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Sa femme conserve 2,5 millions, de quoi voir venir... Pour le reste, tant d'argent investi nulle part et inaperçu de SEC et de personne...Personne ne payait d'impôt sur rien? c'est comme pour Kerviel, l'année précédent la "découverte" de sa fraude, i...

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