Un nouvel équilibre de croissance

Comme chaque année depuis quatre ans, La Tribune est l'un des partenaires des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, organisées sous l'égide du Cercle des économistes. Un Davos provençal dont l'originalité est d'associer le monde universitaire au monde économique, permettant de réunir un parterre international de qualité dans le cadre du Festival d'Aix. Le thème choisi pour 2009 porte sur les nouveaux équilibres du monde, avec pour dominante trois questions clés : croissance, démographie et finance. Huit membres du Cercle des économistes reviennent sur les ruptures et les nouveaux équilibres provoqués par la crise. Aujourd'hui, Jean-Hervé Lorenzi, président du cercle des économistes.

Les économistes avaient pointé depuis longtemps l'un des facteurs majeurs de la crise financière, le déséquilibre d'épargne dans le monde. Mais ils n'ont pas anticipé les conséquences sur la croissance du renchérissement considérable des matières premières, avec le prélèvement de pouvoir d'achat qu'il a occasionné en 2007-2008, et pas davantage l'effondrement de secteurs industriels entiers comme l'automobile. Cette crise nous ouvre les portes d'un nouveau modèle de croissance, et cela dès le début de la prochaine décennie. Le fait structurant sera la constitution, sur la planète, de zones monétaires et géostratégiques relativement homogènes, l'une autour du dollar, l'une autour de l'euro en agrégeant l'Europe et la Méditerranée, une ou deux en Asie.

Cette "régionalisation" du monde, organisée sur les paramètres monétaires et géostratégiques, est le préalable à l'adoption d'un nouveau modèle de croissance. Chaque zone aura son arme, la gestion du taux de change. Une arme qui est maniée sans scrupules par l'Amérique et l'Asie, et que l'Europe doit apprendre à utiliser de façon avisée. Car elle est toujours sous la menace de fortes fluctuations du dollar, qui est comme une épée de Damoclès au-dessus d'elle.

Lorsque ce préalable sera achevé, l'innovation devrait reprendre fortement. Dans les années récentes, elle a été ralentie par la présence de vastes réserves de main-d'?uvre peu qualifiée et peu rémunérée, qui a permis aux industriels de produire à bas coûts sans innovation. Cela va changer, sous l'effet du développement des pays émergents et de la constitution de ces zones relativement homogènes. L'innovation devrait donc reprendre vigueur, dans l'énergie, le numérique, le traitement des ressources rares comme l'eau et la gestion de l'espace.

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