Prêts aux ménages : la sagesse française...

Par pagay@latribune.fr  |   |  346  mots
Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Heureusement que le modèle français a tenu bon ! Et que Sarkozy l'Américain, une posture "old fashion" désormais, n'a pas eu le temps d'entraîner les consommateurs hexagonaux dans la spirale de surendettement dont sont aujourd'hui victimes les particuliers d'Ouest en Est, des Etats-Unis à la Russie sans oublier le Royaume-Uni.

Il y a deux-trois ans, le credo de l'actuel chef de l'Etat tenait en peu de mots : "une économie qui ne s'endette pas suffisamment est une économie qui ne croit pas en l'avenir." Et celui qui s'était fait le chantre, à Bercy, de la réforme du crédit hypothécaire pour que les particuliers modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement - du "subprime" à la française pour parler clair -, pourfendait cette "peur du lendemain". La croissance du monde anglo-saxon, comme celle d'une Russie émergente, semblait alors lui donner raison. Aujourd'hui, un Britannique est déclaré en faillite personnelle toutes les quatre minutes et Londres envisage de créer le Consumer Advocate, un organisme chargé d'enseigner aux sujets de Sa Gracieuse Majesté les dangers du crédit.

Outre-Atlantique, ce sont plus de 10% des prêts contractés par le biais de cartes de crédit qui ne sont plus remboursés. Ce pourcentage devrait atteindre 12% au deuxième trimestre 2010. Et ce n'est rien si on le compare à la Russie. Les agences internationales de notation dénoncent une distribution à tout-va de crédits à la consommation, estimant entre 15% et 40% ceux qui ne seront pas payés. De quoi entraîner l'ensemble du secteur bancaire par le fond.

En France, les digues ont mieux tenu. Non que les particuliers n'aient pas eu recours à l'emprunt. Début 2009, le rapport entre la dette des Français et leur revenu disponible dépassait 74%. Cela veut dire que, en gros, il fallait neuf mois de salaire à un ménage pour apurer sa dette. C'était six mois il y a quinze ans. Mais le principe selon lequel les banquiers prêtent en fonction des revenus de leurs clients a été préservé. Dieu merci.