"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage". C'est à croire que Fulvio Conti, l'administrateur délégué d'Enel, a fait sien ces vers de Jean de La Fontaine. Pas à pas, accord après accord, l'électricien italien avance ses pions en France. Il pourrait y franchir une nouvelle étape, à l'automne, si les négociations qu'il mène avec EDF aboutissent. Par un échange de bons procédés, le transalpin se renforcerait encore dans l'Hexagone et le français en Belgique où il vient de changer de taille.
Depuis des années, Enel a pour objectif premier de devenir le deuxième opérateur d'électricité en France. Depuis ce 31 mai 2005, exactement, qui a vu Rome obtenir de Paris son entrée dans le programme du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, en échange de la prise de contrôle par EDF d'Edison, le numéro deux de l'énergie dans la péninsule. Depuis cette "paix des braves", Enel applique sa stratégie sans faillir, mais en douceur. Conscient du véritable séisme qu'aurait déclenché en 2006 son projet d'OPA hostile sur Suez, l'italien avait in extremis lâché son allié François Pinault, pour ne pas affronter le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin, chantre du "patriotisme économique".
Avec le recul, le numéro un italien de l'électricité n'a pas à regretter la pusillanimité que lui reprochaient les collaborateurs du milliardaire français. Il y a cinq mois, Rome et Paris signaient un large accord stratégique, prévoyant la participation d'EDF, d'Areva et de GDF-Suez à la relance du nucléaire civil transalpin - un programme de 40 milliards d'euros - et, en échange, l'extension de la coopération d'Enel au deuxième EPR français, à Penly, en Seine-Maritime.
Toujours renouvelée, jamais démentie, cette entente cordiale permet à l'italien d'avancer vers son but. Sans bruit ni fureur.
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