PS : plutôt un chef que des idées

Par flenglet@latribune.fr  |   |  350  mots
Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Comme leur nom l'indique, les élections primaires sont faites pour régler des problèmes primaires. Les problèmes primaires, comme leur nom l'indique, sont les plus importants : il s'agit de savoir qui sera le chef. A la veille de l'université d'été du Parti socialiste, l'assentiment général des hiérarques, caciques et autres cacochymes pour organiser une élection primaire et désigner ainsi un candidat et un patron est une bonne nouvelle. C'est peut-être le début du commencement de la fin des problèmes pour l'opposition en France. C'est donc une bonne nouvelle pour la démocratie.

Voilà dix-huit mois que la gauche française se fait rançonner. Elle qui pronostiquait l'effondrement du capitalisme libéral, elle se trouve incapable d'en tirer un profit politique au moment de la crise la plus grave depuis l'entre-deux-guerres. Elle qui militait depuis vingt ans pour le retour de l'Etat, elle se voit dépossédée de son fonds de commerce par une droite qui la pille sans vergogne. Alors qu'elle pourfendait les marchés et la mondialisation, la voici doublée sur sa gauche par les discours d'un président de la République qui semble désormais inspiré par Marx et Trotski?

En clair, la gauche française a acheté au plus haut et revend au plus bas. Stratégie méritante, mais assez coûteuse, qui ressemble à celle du héros de Dino Buzzati dans "Le Désert des Tartares", préparant la guerre pendant des décennies pour se trouver malade et alité quand l'ennemi attaque.

Pour expliquer cette énigme politique, les commentateurs mettent en avant l'incompétence des socialistes ou l'habileté man?uvrière de Sarkozy. La cause pourrait être beaucoup plus simple : jusqu'ici, il n'y a pas de patron(ne) incontesté(e) au PS. Or, dans une monarchie républicaine comme la nôtre, c'est le leader qui compte bien davantage que les idées. Rien ne sert de s'écharper sur la stratégie ou l'idéologie si l'on n'a pas le candidat qui saura penser l'une et s'approprier l'autre.