La responsabilité de France Télécom

Par jbjacquin@latribune.fr  |   |  340  mots
Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

C'est l'emballement médiatique par excellence. Une sorte de machine à provoquer de l'écho de façon exponentielle. Quoi qu'en dise désormais Didier Lombard, le PDG de France Télécom, il ne pourra calmer ni l'émotion ni l'inquiétude. Les suicides chez France Télécom, sans en connaître les causes, deviennent un sujet des "JT" de 20 heures? à la différence de l'opération stratégique majeure annoncée par le groupe en Grande-Bretagne la semaine dernière.

L'information télévisée est ingrate et son effet loupe empêche de s'en extraire. Mais le soufflé médiatique retombera un jour ou l'autre. Le danger est là. Car il ne faut voir aucune excuse dans le fait que le nombre de suicides survenus dans le groupe en France est conforme au taux de suicide observé dans le pays : 17,1 pour 100.000 habitants à comparer à 23 suicides en dix-huit mois parmi 90.000 salariés.

Si l'on ne peut bien sûr pas affirmer que l'employeur est responsable du suicide d'un de ses salariés, il a en revanche une véritable responsabilité sociale à l'égard du bien-être de ses salariés. On peut comprendre un taux de suicides 2,5 fois supérieur à la moyenne chez les personnes âgées de plus de 85 ans, mais il paraît anormal que le taux de suicides dans une population comme celle travaillant chez France Télécom ne soit pas très inférieur à la moyenne nationale. Une population protégée même, puisque les deux tiers des salariés du groupe en France ont le statut de fonctionnaire.

Une population choyée puisque le groupe investit 7% de sa masse salariale dans la formation, un taux trois fois supérieur au minimum légal. Mais une population bousculée. Cette ex-administration s'est transformée en moins de deux décennies en l'un des groupes internationaux des télécoms les plus performants. Un succès à mettre à l'actif de ses dirigeants. Mais un succès que l'on ne doit pas payer à n'importe quel prix.