Quand les PME aiment l'Etat

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Deux mille chefs d'entreprise ont fêté, hier, le retour du plan. Pas du Gosplan soviétique, non, ni même de feu le "plan quinquennal" cher aux gaullistes d'après-guerre, mais bien de ces plans à répétition dont Nicolas Sarkozy se fait mois après mois une spécialité. Après ceux en faveur des banques, des constructeurs automobiles ou encore des grands équipementiers, le chef de l'Etat a présenté hier un plan PME qui lui a valu une vraie "standing ovation" au Palais des congrès, à Paris.

Sa besace, il est vrai, était pleine. 2 milliards d'euros viendront conforter les fonds propres de petites et moyennes entreprises mises à mal par la crise. 2 milliards qui transiteront pour moitié par la banque publique Oséo, déjà abondamment sollicitée pour aider les PME à trouver des financements, et pour moitié par le Fonds stratégique d'investissement, dont la vocation de bras armé de la politique industrielle de l'Etat s'affermit de jour en jour. La nécessité de la mesure ne fait pas de doute. Les applaudissements réservés à Nicolas Sarkozy sont là pour le prouver.

Comme l'a souligné le président de la république, "le propre des PME françaises, c'est précisément qu'elles restent des PME". Et que, faute de croissance, elles n'embauchent pas. Comme les grandes entreprises ne le font pas non plus - elles privilégient leur développement à l'étranger -, la France est à l'arrêt, l'emploi au fond du trou. Briser ce cercle vicieux pour favoriser la reprise est donc, légitimement, une priorité. Mais c'est la voie choisie qui étonne.

Jusqu'ici, pour aider les petites et moyennes entreprises, le gouvernement avait privilégié les allégements fiscaux. La réforme de la taxe professionnelle et le dégrèvement de l'ISF, l'impôt sur la fortune, lors d'un investissement dans une PME, devaient favoriser leur compétitivité. Désormais, le chef de l'Etat privilégie l'intervention publique, via Oséo, voire l'entrée de l'Etat au capital des PME, via le Fonds stratégique d'investissement.

Il y a un quart de siècle, les socialistes au pouvoir avaient envisagé de créer une grande banque nationale d'investissement. L'opposition avait dénoncé, pour mieux en caricaturer le projet, une nouvelle Gosbank, cette banque chargée d'assurer le développement de l'Union soviétique. Nicolas Sarkozy n'en est pas là. Mais, quand le président de la république parle de politique volontariste, on sait aujourd'hui qu'il ne se paie pas de mots.

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