Immobilier : décodez et... patientez !

Par Valérie Segond, éditorialiste à La Tribune.

On est toujours bluffé par l'aptitude des agents immobiliers comme des notaires à annoncer en régime de croisière "l'envolée des prix", et quand ça va très mal, leur "remontée". Le monde de l'immobilier est fait de linguistes patentés qui ont cultivé un tel art de la litote ou de l'habillage, qu'ils nous obligent à procéder à un sérieux décodage. Lorsque la Chambre des notaires de Paris-Ile-de-France annonce hier une "reprise nette" des marchés immobiliers au troisième trimestre 2009, et une "stabilisation des prix" qui constitue "une véritable reprise", que faut-il comprendre au juste ?

Qu'après un marché totalement bloqué, certains achats d'appartements ont enfin été signés, par un effet de rattrapage sur un marché guidé à 90% par les mouvements de la vie, naissance, décès, mariage, divorce, mutation. Mais aussi que, les chiffres des notaires étant faits pour l'essentiel de contrats, et non de promesses de vente, ils auront été aidés par la reprise de la Bourse du printemps.

Mais remettons les chiffres en perspective : globalement, le niveau des transactions reste extrêmement bas, inférieur de 20% à 25% à ce qu'il était lors de son point culminant de 2007. Or, que nous enseigne la crise immobilière des années 1990 ? Primo, que les prix finissent toujours par suivre les volumes, mais avec un retard de trois à douze mois selon la situation des marchés locaux. La baisse, aujourd'hui de 10% à 15%, n'est donc pas finie.

Secundo, que plus ces prix tardent à baisser, plus la crise immobilière dure : entre 1991 et 1998, les prix de l'immobilier à Paris, alors artificiellement soutenus par les assureurs qui s'échangeaient des immeubles, ont baissé? sept années, pendant lesquelles il y eut plusieurs faux départs. En clair, artifices et faux-semblants n'aident pas. Tertio, qu'il n'y a pas de vrai retournement de l'immobilier sans véritable reprise de l'emploi. Or là, on n'attend rien de significatif avant la fin 2010. On se calme donc !

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Commentaire 1
à écrit le 06/03/2010 à 14:42
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il est clair que ceux qui ont un interet direct dans un maintient voir une hausse de l immobilier communiquent(désinforment?) tous azimuts dans le sens d une reprise . Je ne partage pas leur optimisme .

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