Obama, le chômage aux trousses

Par Sophie Gherardi , directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Voilà, c'est fait. Les statistiques du chômage américain pour l'année 2009 sont complètes. Elles sont désolantes. Décembre aurait pu prolonger l'embellie de novembre, où 4.000 postes ont été créés. Hélas, la rechute a été brutale : 85.000 emplois détruits. Si bien qu'au total, la crise aura tenu ses plus lugubres promesses, détruisant en un an 4,2 millions d'emplois, du jamais-vu dans les annales du département du travail depuis 1939. Il y a 15,3 millions de chômeurs aux États-Unis, deux fois plus qu'il y a deux ans. C'est d'ailleurs à peu de chose près le même nombre que dans la zone euro (15,7 millions en novembre). Les deux grandes zones riches de l'Occident déplorent ainsi le même taux de chômage, 10 % de la population active.

Le président Obama n'a pas de chance : aucune nouvelle statistique éventuellement plus souriante n'interviendra d'ici le 20 janvier, premier anniversaire de son investiture. La joie immense de ce moment, les espoirs fous qu'il avait suscités apparaissent bien ternis. Chacun sait bien, au fond, que le président des États-Unis n'a guère de prise sur le marché de l'emploi, et que ses mesures de relance ont dans l'ensemble fonctionné. Mais il est au pouvoir et l'impopularité est son lot tant que les choses vont mal, c'est la loi du genre.

Barack Obama n'est pas homme à esquiver les responsabilités. Il a assumé personnellement le fiasco des services de sécurité qui, huit ans après les attentats du 11-Septembre, ont été incapables de croiser leurs informations pour empêcher un apprenti terroriste connu d'eux d'embarquer sur un vol vers les États-Unis. La posture du chef de guerre qu'il a adoptée en ces circonstances sied de coutume au président des États-Unis. Par un réflexe presque pavlovien, la population américaine fait alors bloc derrière l'exécutif. Il n'est donc pas sûr que l'attentat déjoué du jour de Noël nuise à l'image de Barack Obama, au contraire. Mais lui sait bien que l'angoisse économique reprendra vite le dessus.

C'est pourquoi il a annoncé hier de nouvelles mesures en faveur de la création d'emplois, notamment des investissements dans les technologies vertes financés sur les 787 milliards du Recovery Act. Et il va accélérer sa tournée intitulée "White House to Main Street" dans l'Amérique profonde afin de montrer qu'il s'occupe des demandeurs d'emploi. L'enjeu est politique, bien sûr. Aux élections de mi-mandat, en novembre, il ne veut pas perdre sa majorité au Congrès.

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