Auto-entreprise, j'écris ton nom

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Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

En 1999, une année de forte croissance économique, 269.000 entreprises avaient été créées en France. En 2009, une année de forte récession, le chiffre a plus que doublé : 580.000. C'est la grosse surprise de l'hiver : on redoutait une épidémie de grippe porcine, on a eu à la place une épidémie de création d'entreprises. Pas étonnant qu'Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat aux PME, ait l'air plus réjoui que Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, car ses affaires marchent du feu de Dieu.

Le statut de l'auto-entrepreneur qu'il promeut avec enthousiasme a séduit pour sa première année plus de 320.000 personnes. Depuis longtemps, les enquêtes montraient que 20% des Français souhaitaient monter une entreprise au cours de leur vie active : la grande nouveauté est qu'ils sont passés à l'acte. Jeunes, vieux, salariés, chômeurs, femmes au foyer, ruraux ou banlieusards, ils ont sauté le pas, rendu particulièrement facile par le nouveau statut. Oui, mais ce ne sont pas des vrais entrepreneurs, rétorquera-t-on.

Combien de velléitaires, de rêveurs ou d'aigrefins parmi eux ? Ce n'est peut-être pas le problème. Dans la conjoncture actuelle, la trempe de ces nouveaux créateurs importe moins que leur démarche. Entreprendre, c'est le contraire de rester les deux pieds dans le même sabot. Ces 580.000 petites pousses représentent des esprits qui phosphorent, mais aussi de la consommation (acheter une voiture, un bureau neuf, un PC, des logiciels, une imprimante plus performante), des services (consulter un avocat, suivre une formation, s'assurer, ouvrir un compte en banque dédié). Ce demi-million d'aspirants patrons sont forcément pleins d'espoir, ils assomment leur conjoint, leurs amis, leur famille, avec leurs châteaux en Espagne.

Mais attention, beaucoup feront faillite ! Oui, et alors ? Sur les 210.000 entreprises créées en 2002, 52% étaient toujours en vie cinq ans plus tard. Là, ce sera peut-être plus, peut-être moins, parce que les débuts seront plus prudents. Rendez-vous dans cinq ans.