EDF ou l'Areva "bashing"

Par pagay@latribune.fr  |   |  361  mots
Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Encore une exception française ! Que le Premier ministre ait été contraint, mercredi, de rappeler publiquement à EDF et Areva qu'ils doivent travailler en partenaires, et non en concurrents, a quelque chose de sidérant. Cela donne la mesure du conflit, persistant et profond, opposant les deux champions publics français du nucléaire. Un conflit qui tourne au pugilat depuis leur échec conjoint à Abu Dhabi, et dont on fait généralement porter le poids sur Areva.

Pourtant, au vu des démêlés récents, on peut se demander si le problème du nucléaire français ne s'appelle pas... EDF? L'échec du consortium dans l'émirat? Il tient bien sûr à l'EPR, ce réacteur de troisième génération construit par Areva, trop complexe et trop coûteux pour un petit État, même riche, n'ayant aucun antécédent dans le nucléaire. Mais l'engagement tardif, et à contrecoeur, d'EDF aux côtés des autres membres du consortium n'est pas pour rien dans le fiasco des sables.

L'électricien public avait d'autres priorités, Grande-Bretagne et États-Unis, et n'avait pas les ressources en hommes pour mener un chantier supplémentaire, ce que personne ne songe à lui reprocher. Mais cela équilibre les responsabilités. Les conflits commerciaux opposant les deux entreprises? C'est EDF, semble-t-il, qui a remis en cause l'arbitrage rendu l'an dernier sous l'autorité de Christine Lagarde et Jean-Louis Borloo et fixant jusqu'en... 2040 les conditions financières du retraitement par Areva des déchets nucléaires d'EDF.

Quant à la production d'uranium enrichi par l'usine Eurodif d'Areva, c'est l'électricien encore qui avait décidé de se tourner vers des fournisseurs étrangers, russes notamment. Pour se justifier, EDF explique mezza vocce qu'il n'est pas là pour "financer les déficits" d'Areva. Sans doute, mais difficile ensuite de s'autoproclamer chef de file de la filière nucléaire nationale, comme l'a fait le nouveau patron d'EDF, Henri Proglio, avant même sa nomination. Pour ne rien dire, enfin, du pataquès né de sa double casquette ? EDF et Veolia ? et de sa double rémunération. Il y a de quoi déclencher des courts-circuits.