Défauts souverains

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Il faut se méfier du terme faillite. Lorsqu'on dit qu'un individu, qu'un Etat ou qu'une entreprise fait faillite, on sous-entend trois choses très différentes. La faillite d'une entreprise, c'est simple : si elle ne peut plus faire face à ses dettes et en l'absence d'une solution de reprise, elle est mise en liquidation. Elle n'existe plus. Un individu qui ne paie plus ses traites va au-devant de toutes sortes d'ennuis, il s'appauvrit, mais il ne perd pas ses droits et ne disparaît pas. On ne le jette pas en prison comme dans les romans de Dickens.

Et un Etat qui fait défaut ? Eh bien, sa situation se rapproche plus de celle de l'individu que de celle de l'entreprise. Pas question qu'il soit mis en liquidation et que ses actifs soient partagés entre ses créanciers. Un Etat ne meurt jamais, en tout cas pas de plaie d'argent. C'est pour cela qu'on parle de risque souverain s'agissant des obligations d'Etat. Même une minuscule structure étatique est plus invulnérable qu'un géant du business comme General Motors.

Quand on dit qu'un Etat fait faillite, cela signifie en réalité que ce sont ses créanciers qui perdent leur mise. Historiquement, le fait est rarissime - la France du Directoire, la Russie bolchevique, peut-être bientôt l'Islande si ses citoyens refusent de rembourser les clients étrangers de leurs banques nationalisées en 2008. En 1982, le Mexique a fait défaut sur sa dette extérieure, suivi d'autres pays du Sud : le FMI et les pays créanciers se sont alors organisés pour restructurer la dette et l'étaler. Ils ont même donné de l'argent aux Etats endettés pour qu'ils continuent à rembourser.

Au passage, ils leur ont imposé leur manière de voir l'économie, ce qu'on a appelé le consensus de Washington : il fallait privatiser à tout-va et équilibrer les balances des paiements en réduisant la consommation intérieure. Certains peuples l'ont payé d'une véritable régression sociale. Le défaut souverain n'est pas mortel, mais il ne reste pas impuni.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 12/02/2010 à 8:42
Signaler
votre article est assez ettonant quand on pense a l exemple de l argentine.Effectivement le pays n'as pas cesser d exiter ni l etat ni ses habitant(heureusement) mais l endetement de l etat et l explosion de sa dette a ruiner et fait sonbrer le pays ...

à écrit le 09/02/2010 à 6:51
Signaler
Deux erreurs historiques dans votre article : «un Etat ne meurt pas de plaies d'argent». Au contraire, c'est de cela, et des guerres aussi, qu'il meurt le plus souvent. Les exemples de l'Ancien Régime ou de la IVème République est sont bien connus....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.