Marchands de tapis... volants

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Par Olivier Provost, rédacteur en chef de latribune.fr.

On devrait connaître dans quelques heures le sort réservé à l'avion de transport militaire européen l'A400 M d'EADS Airbus. A moins d'une surprise, il sera sauvé à l'issue d'une négociation qui s'est encore intensifiée ces derniers jours. Une vraie négociation de marchand de tapis ; je te paie ceci, tu finances cela ; j'achète tant d'avions, je réduis de tant le prix unitaire.

Au souk de l'industrie d'armement, tous les arguments sont permis. Normal, direz-vous. Les Etats européens, a fortiori avec leur endettement actuel issu de la crise et des plans de relance, comptent leurs sous. Même chose pour EADS et sa filiale Airbus, qui souffrent déjà de devoir financer sur leurs propres fonds les dépenses pour préparer l'industrialisation de ce bus militaire des airs bourré de technologie. Et comme souvent dans le secteur de la défense, l'industrie compte sur les poches profondes de ses clients publics. Mais ces tractations, si naturelles soient-elles, collent assez mal avec le discours qui présente ce programme comme stratégique pour l'industrie européenne, ses compétences et ses emplois.

La Cour des comptes passe au lance-flammes le programme A400M, ce qui fait bondir le député UMP Bernard Carayon, haut défenseur de l'intelligence économique tricolore. Il faut choisir : soit acheter à prix abordable un appareil existant à l'étranger - ce qui serait assassin pour l'indépendance technologique de l'Europe -, soit accepter un effort coûteux, justement parce qu'il y va de notre indépendance.