Quand le Kremlin se décrispe

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Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Un bon diagnostic est un pas vers la guérison. Le président russe Medvedev a rompu avec la rhétorique, si souvent employée à Moscou, qui consiste à blâmer l'Occident et ses séides pour tous les maux de la Russie. En septembre dernier, il s'est adressé via Internet aux citoyens sur les sites du Kremlin et du journal Gazeta pour détailler son programme de modernisation non-violente et démocratique de la Russie. Diversifier la production, monter en gamme, former les jeunes, promouvoir la recherche dans les technologies d'avenir, moderniser l'industrie et l'agriculture ; cela ressemble au fond à ce qu'essaient de faire tous les gouvernements "normaux".

Depuis, Medvedev y a ajouté une posture anticorruption étonnamment ferme. Durement frappée par la crise, la Russie change enfin de registre, et c'est tant mieux. Paradoxalement, l'élection en Ukraine d'un président prorusse a favorisé une certaine décrispation à Moscou. Au lieu de jouer les ombrageux slavophiles, voilà les dirigeants du Kremlin qui viennent tranquillement en France et ailleurs discuter des intérêts réciproques.

Comme le soulignent les commentateurs russes, Paris et Moscou ont en commun d'être de grandes puissances ayant connu des jours meilleurs et qui craignent par-dessus tout de perdre leur statut. Cela crée, ou recrée, des liens. On fera donc du "business" ensemble, on tiendra un discours cohérent aux Iraniens sur l'enrichissement de l'uranium. Très bien. Malheureusement, les Russes continuent de flatter tour à tour les grandes capitales européennes, se sentant plus forts dans les rapports bilatéraux. Et Nicolas Sarkozy, comme Merkel ou Berlusconi, entre dans leur jeu.

Le bon diagnostic, côté européen, consisterait à se montrer unis et ouverts à la fois face au voisin russe. Si lui trouve la force de changer son logiciel historique, faisons-en autant. Offrons-lui un rapprochement paneuropéen.