En Russie, l'intérêt pour les sites politiques reste modeste

Par Marie Mendras  |   |  250  mots
Par Marie Mendras, politologue, professeur à la London School of Economics and Political Sciences, directrice de la prospective au Quai d'Orsay.

Internet s'est développé très vite en Russie et ne fait pas l'objet de censure sauf dans la région du Nord Caucase (Tchéchénie...), où des directeurs de sites ont été assassinés. En dehors de cette dramatique exception, le traitement du web est relativement libre en Russie, ce qui contraste curieusement avec le contrôle très étroit exercé sur les médias audiovisuels et la presse écrite.

Pensons à l'assassinat d'Anna Politkovskaïa, grand reporter pour le journal indépendant Novaïa Gazeta. Alors que le gouvernement verrouille l'espace médiatique traditionnel, celui du web est le seul lien réellement ouvert de la société russe, où l'on peut écrire à peu près tout ce que l'on veut. Il est vrai qu'un tiers seulement de la population a accès à internet quotidiennement. A l'intérieur de la Russie qui surfe, majoritairement jeune et urbaine, l'intérêt pour les sites politiques ou de défense des droits de l'homme, pourtant nombreux, reste modeste.

En fait, le web est d'abord utilisé dans une finalité professionnelle ou ludique : les jeux en ligne et les sites de rencontre pullulent. Parallèlement, les autorités russes sont en train d'investir l'espace du web et des blogs, pour en faire un instrument d'influence et de propagande, occupant ainsi l'espace. Attention donc à éviter les contresens, notamment en comparaison de la situation en Chine. L'analyse doit aussi prendre en compte la mentalités des sociétés, ce qu'elles attendent de l'internet.