Remanier, ce n'est pas le sujet

Par eizraelewicz@latribune.fr  |   |  374  mots
L'éditorial d'Erik Izraelewicz, directeur des rédactions de La Tribune, sur les résultats de ce second tour des élections régionales.

Que va faire Nicolas Sarkozy de cette défaite confirmée ? L'Élysée sera sans doute tenté, ce lundi matin, de minimiser l'ampleur de la dégelée en s'accrochant aux victoires de La Réunion et de l'Alsace, de la Guyane peut-être. Martine Aubry n'a pas fait son grand chelem. En nombre de régions qu'elle dirige, la droite ne sort pas, paradoxalement, affaiblie par ce scrutin ? et cela en dépit d'une crise économique d'une ampleur inédite. Face au rapport de force exprimé hier par les urnes ? une gauche plus puissante, une droite rabougrie, une extrême droite revigorée ? le chef de l'État devra néanmoins réagir. Dès samedi, Claude Guéant, le secrétaire général de l'Élysée, donnait le ton. Poursuivant la campagne électorale alors même que celle-ci était officiellement terminée, le « président bis » précisait, sur le site de « La Croix » les intentions futures de Nicolas Sarkozy. En tout état de cause, il y aura, expliquait-il, un remaniement ministériel « modeste » et « technique ». On va donc assister, dès aujourd'hui, à moult spéculations pour savoir si untel sera viré, si une telle sera promue ou déplacée, ce qu'il en dviendra des quelques roses fanées aussi... En se plaçant sur ce terrain, celui d'éventuels changements au sein de l'équipe gouvernementale, l'Élysée ferait fausse route. Les Français n'ont pas voté contre tel ou tel ministre ? ils ont unanimement sanctionné tous ceux qui sont allés au feu. Ils considèrent, à juste titre, que la tête, le sexe ou la couleur des ministres a finalement aujourd'hui peu d'importance. Tout, sinon l'essentiel, se décide désormais à l'Élysée. Après tout, pourquoi pas ? Nicolas Sarkozy en avait pris dès le départ le parti pris. Pour engager la « rupture », pour réformer la France, pour la gérer en période de crise, il jugeait plus efficace de tenir seul la barre. C'est donc sur sa manière de décider tout autant sinon plus que sur la direction prise qu'il a été sanctionné. Élu pour cinq ans, il lui reste deux ans pour redresser la barre.