Après la défaite, les retraites

Par Erik Izraelewicz, directeur des rédactions de La Tribune.

Au lendemain de la défaite, la réponse de l'Elysée est claire : le cap est maintenu, la réforme des retraites, a priori explosive, est même portée au rang de priorité des priorités. Cette réponse peut paraître paradoxale, voire folie ! Les Français ne viennent-ils pas de condamner la frénésie réformatrice et désordonnée du chef de l'État ! Les syndicats n'appellent-ils pas aujourd'hui même à manifester contre cette réforme justement. Le président aurait-il enfin oublié 1995 - quand la rue devait obliger Juppé à capituler.

Visiblement, de tout cela, Nicolas Sarkozy n'en a cure. Il est déterminé à la mener à bien... et il a raison. L'incertitude qui règne autour de l'avenir de notre système de retraite est un véritable poison pour notre économie. Elle génère, chez tous, anxiété et inquiétude. Elle freine inutilement la consommation et alimente, tout aussi inutilement, le bas de laine des Français. Elle aggrave le trou des finances publiques. Les Français savent, dans leur très grande majorité, que le système actuel n'est plus viable, que dans tous les pays européens, des réformes ont été engagées pour tenir compte du vieillissement. Bref, il y a, sur le diagnostic, un très large consensus.

Tout le monde sait aussi que l'on ne peut agir que sur quelques variables - l'âge de départ à la retraite, la durée et le montant des cotisations, le niveau des pensions pour l'essentiel. Alors, bien sûr, une réforme des retraites est nécessairement "douloureuse". Elle est socialement difficile à accepter. Il importe donc de la mener avec un souci de justice sociale, avec professionnalisme et doigté aussi. En maintenant Fillon à Matignon et en nommant Woerth au Travail, le chef de l'Etat s'en donne les moyens. Le premier, père de la réforme de 2003, est un expert ès retraites, le second a démontré au Budget et à la Fonction publique un savoir-faire dans les relations avec les fonctionnaires. Cette réforme est aussi un gage donné à l'électorat de la majorité et un piège pour un PS qui se voudrait responsable. L'habileté est politique aussi.

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Commentaire 1
à écrit le 23/03/2010 à 13:23
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Très drôle le coup des variables, c'est donc forcément du côté des salariés qu'on va taper ! Pas d'accord, taxons les profits boursier pour financer les retraites : pour une fois que ces gens-là et leur argent serviront à quelque chose, autant que ça...

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