Retraite  :  l'âge légal est un faux débat !

Par Jean-François Roubaud, président de la CGPME.

60 ans, 70 ans, 63 ans ? Et pourquoi pas 75 ans ou 58 ans ? Le débat sur l'âge légal de la retraite est un faux débat. Il cristallise les oppositions. Certains hurlent à la mort en parlant d'un recul social, d'autres, au contraire, rappellent que l'Allemagne vient de décider de relever, d'ici à trente ans, l'âge de la retraite pour le porter à 67 ans.

Au fond, quel est l'enjeu ? Il est simple et devrait faire l'unanimité : garantir l'équilibre financier pour sauver notre système de retraite sans pénaliser les générations futures. Le Conseil des prélèvements obligatoires indiquait, en novembre 2008, qu'en France le pourcentage du PIB affecté aux pensions est passé de 5% en 1960 à 13% aujourd'hui, alors que, dans le même temps, les plus de 60 ans constituaient de 30% à 38% de la population en âge de travailler.

Quant au déficit de l'assurance vieillesse, il devrait avoisiner les 7,7 milliards d'euros en 2009 et les 25 milliards d'euros en 2030. On le voit, l'augmentation du montant des cotisations, même massive, ne résoudrait pas le problème.

Il faut donc raisonner différemment et envisager des mesures radicales. Tout d'abord, il faut mettre fin aux injustices résultant de la différence de traitement entre les salariés du privé et ceux du public. Le mode de calcul des pensions doit être aligné. Il est anormal qu'un fonctionnaire voit sa pension calculée sur la base de ses six derniers mois de salaire, tandis qu'un salarié occupant le même type de poste dans le secteur privé fait l'objet d'un savant calcul visant à prendre en compte ses "vingt-cinq meilleures années" !

Le résultat est là : les salariés du privé prennent effectivement leur retraite à 61,3 ans, tandis que les fonctionnaires partent à 57,6 ans, la prime revenant aux cheminots, heureux retraités à 52,5 ans. Et ce n'est pas moi qui le dis, mais le Conseil d'orientation des retraites. A cet égard, il est intéressant de noter que le législateur, dans sa grande sagesse, a cru utile d'autoriser les salariés du privé qui le souhaitent, avec ou sans l'accord de leur employeur, à continuer à travailler jusqu'à 70 ans. Mais rien de similaire n'est prévu pour les fonctionnaires. Ce qui vaut pour les uns ne vaut pas, semble-t-il, pour les autres ! Enfin, il est essentiel de "sécuriser" financièrement le régime tout en maîtrisant l'évolution des cotisations.

Autres suggestions, donner davantage de souplesse au système en autorisant chacun, en connaissance de cause, à faire ses choix de vie sans pour autant pénaliser la collectivité. Plutôt que de mélanger, comme on le fait actuellement de manière collective, la durée de carrière et la durée de retraite, il convient de passer à un calcul individuel en appliquant une stricte neutralité actuarielle permettant à chacun de liquider partiellement sa pension quand il le souhaite.

En tout état de cause, l'avenir des retraites est un sujet trop important pour se contenter de positions de doctrine. Pourquoi ne pas, par exemple, à l'instar de ce qui existe pour les fonctionnaires au travers de la Préfon, ouvrir la possibilité pour les salariés des PME de se constituer par le biais d'un système de capitalisation un matelas pour leurs vieux jours. Concilier répartition et capitalisation, voilà un bien beau signal avant l'ouverture de ce que certains appellent déjà "la mère de toutes les négociations".

Mais, attention à ne pas mélanger tous les sujets. Céder à toutes les demandes syndicales en vue de préparer d'éventuels marchandages serait une erreur tant sur le fond que sur la forme.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 14/04/2010 à 8:30
Signaler
Je suis entièrement d'accord avec les suggestions de M. Roubaud. Plus d'égalité entre tous les salariés, plus de prise en charge individuelle et de libre arbitre. J'ajouterais aussi un plafonnement de la part venant de la collectivité. Ceci permettra...

à écrit le 13/04/2010 à 11:18
Signaler
DU BON SENS PUR JUS. les syndicats, unanimes dans leur rejet, sont hors jeu

à écrit le 13/04/2010 à 7:00
Signaler
plusieurs remarques : le medef a proposé que l'on travaille plus longtemps, or la plupart d'entre nous (public ou privé) n'occupe pas un emploi "choisi" mais "subi" pour nourrir nos familles (c'est aujourd'hui un luxe de pouvoir s'éclater au travail....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.