Retraite  :  où sont les jeunes  ?

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Une part essentielle de notre pacte social est discutée à partir de cette semaine à l'occasion de la concertation sur les retraites. Les partenaires arrivent hérissés d'interdits : touche pas à l'âge de la retraite, disent les principaux syndicats ; touche pas aux cotisations, disent les représentants patronaux ; touche pas au montant des pensions, dit le gouvernement. Eric Woerth (54 ans) a reçu hier les chefs des cinq syndicats représentatifs des salariés (51, 53, 54, 57 et 60 ans), et ceux des trois organisations patronales (51, 62 et 65 ans).

Pourquoi mentionner l'âge des capitaines ? Simplement parce que, dans les négociations qui s'ouvrent, les principaux payeurs, numériquement parlant, ne sont pas représentés. Où sont les générations des 20, 30, 40 ans ? Pas au pouvoir, en tout cas. Or, ce qui va se décider va influer sur leur pouvoir d'achat, la durée de leur vie professionnelle et leur propre perspective de retraite. Qui défendra leurs intérêts ? La République, rétorquera-t-on, ne connaît pas de catégories, mais des citoyens qui seront tous traités avec équité. Ouais. A voir comment fonctionne la société depuis vingt ans, les jeunes générations ont des raisons de se méfier. La précarité, c'est pour elles, le chômage, c'est pour elles, les prix exorbitants du logement, c'est encore pour elles.

Les syndicats ne défendent pas les jeunes pour l'accès au marché du travail, pourquoi les défendraient-ils dans la réforme des retraites ? Les entreprises, grandes pourvoyeuses de stages gratuits et de CDD à rallonge, idem. Le gouvernement, idem. Il faudrait, comme la République romaine avait ses tribuns de la plèbe pour protéger ceux qui n'avaient pas de représentants au Sénat ou dans le patriciat, instaurer des tribuns des jeunes générations. Il est vrai que la plèbe avait obtenu qu'on lui donne des tribuns après une grave crise, en 494 avant notre ère : menacés d'esclavage pour dette, les plébéiens révoltés avaient quitté la ville et s'étaient retirés sur le mont Sacré. 2.500 ans plus tard, notre République n'a peut-être pas besoin d'attendre une révolte des jeunes pour prendre leur parti.

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Commentaires 8
à écrit le 14/04/2010 à 21:02
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avant deja de reformer la retraite de francais, touchons plutot aux retraites des haut fonctionnaires et politiciens ! c'est scandaleux! http://www.dailymotion.com/video/x9ayyn_injustices-sur-les-retraites-justic_news par exemple, un depute avec 5ans...

à écrit le 14/04/2010 à 12:31
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Encore un constat, seulement un constat.

à écrit le 14/04/2010 à 9:49
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Merci Madame pour votre analyse. Pour ma part, je suis parti travailler a l'etranger. Dans quel etat cette generation de baby boomer va passer la France a la prochaine generation ? ... juste quelques indices : dette de la France, nombre en baisse d...

à écrit le 14/04/2010 à 8:15
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La réalité est plus cynique car une propagande pour rallier les jeunes est bel et bien faite, bien que ce soit discret. Elle présente des retraites à 70 ans qui seraient nécessairement cruelles et injustes pour les jeunes qui seraient désavantagés pa...

à écrit le 14/04/2010 à 8:12
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Le point de vue d'une quinquagénaire : j'ai 54 ans (l'âge des capitaines mentionnés par la journaliste), je suis au chômage depuis plus de 3 ans et sans beaucoup d'espoir, contrairement à un jeune, de pouvoir un jour retrouver un emploi et payer des ...

à écrit le 14/04/2010 à 8:00
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Merci pour cette analyse pleine de clairvoyance, reflétant une opinion beaucoup plus répandue parmi la jeunesse (j'ai 23 ans) qu'on ne peut le croire. La génération de nos parents a connu des circonstances économiques exceptionnelles, a pu saisir des...

à écrit le 14/04/2010 à 6:55
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Le système "France" est mort, il bouge encore : réflexe neurologique. Tout ça se règlera à Bruxelles avec la tête de l'éxecutif qui reviendra au Pays en maudissant les méchants étrangers libéraux sans-coeur...

à écrit le 14/04/2010 à 4:12
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Merci Mme Gherardi pour cette analyse. La génération du babyboom continue à détruire de façon systématique et méthodique ce qui lui a permis de s'élever socialement (école, retraite, emploi, économie) au préjudice de ses propres enfants, en les culpa...

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