Panique chez ces messieurs du CAC 40

Par Tita A. Zeïtoun, commissaire aux comptes, présidente d'Action de Femme.

Certains diraient que des choses plus importantes pourraient être à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale ou du Sénat qu'un projet de loi sur la présence des femmes dans les conseils d'administration. Mais l'essentiel est de faire avancer l'égalité dans tous les domaines sociaux, financiers, économiques. Et l'exemple sera suivi dans d'autres domaines. Théoriquement, ce projet de loi prévoit 20% de femmes administrateurs (ou membres du conseil de surveillance) dans les sociétés cotées en Bourse dans les trois ans qui suivraient la promulgation de la loi et 40% dans les six ans. Et alors que le retour du Sénat n'est pas encore effectué, haro sur le baudet, les dirigeants se sont précipités, opportunément stimulés par le Medef et l'Association française des entreprises privées (Afep), et proposent dans le cadre de leur conseil, au vote des actionnaires lors de leur prochaine assemblée générale, des candidatures de femmes administrateurs.

Les hommes ont anticipé, et du fait que malgré les nombreuses suggestions qui ont pu être effectuées avant l'éventuelle loi, il est humain de se poser une question : ou les hommes ont cru que les femmes étaient en nombre insuffisant pour être membres des conseils et se sont précipités de crainte de n'avoir que des ringardes à recruter dans les trois prochaines années ; ou les hommes ont estimé que prendre les devants était une très bonne chose pour l'image qu'ils doivent donner de leur société.

Il y a des cas surprenants dans les propositions récentes, dont personne ne sera passé à côté : Bernadette Chirac, 76 ans, rejoint LVMH auprès de Delphine Arnault nommée à 28 ans, il y a quatre ans. Un exemple où l'intergénération sera un modèle pour les prochaines années. Le top par ailleurs concerne Vallourec, société jusqu'alors entièrement masculinisée qui accueillerait deux femmes dans son conseil de surveillance, Alexandra Schaapveld et Vivienne Cox. À ce jour, les autres sociétés du CAC 40 à avoir proposé des candidatures féminines sont Axa, Sanofi, Vivendi, Lafarge, PPR et Valeo.

Alors que la principale justification du faible nombre de femmes dans les conseils d'administration et de surveillance provenait du fait « qu'il n'y avait pas de femmes » suffisamment compétentes, tout à coup, voici des hommes avec une imagination débordante.

Et, il faut le savoir, des milliers de femmes, compétentes évidemment, sont prêtes à combler les insuffisances. Lors des nominations effectives et lorsque chacun comptera les siens, en l'état actuel des choses, Vivendi aura 33% de femmes dans ses instances dirigeantes. Cette société qui, pendant de très nombreuses années, n'a pas été la meilleure élève de sa classe dans ce domaine, dépassera alors la société BNP Paribas, qui fut la première société de l'indice CAC 40 à avoir quatre femmes représentant 25% des administrateurs de cette société.

Après des années de misogynie, les années élitistes font leur apparition pour ne pas se laisser manger la laine sur le dos par une loi. Les hommes n'aiment pas que qui que ce soit leur impose quoi que ce soit. Aussi les sociétés préféreront-elles adopter les premières des femmes dans leur conseil d'administration (ou de surveillance) plutôt que de se faire dicter la loi.

Nous constaterons au cours des années futures des ajustements pour que chacun puisse se prévaloir du mieux, du plus, du meilleur. Et les femmes dans tout cela acceptent-elles de coeur joie... ? Elles apprécient certainement d'être retenues, ne serait-ce que pour être connues et reconnues à leur juste valeur. Le vieil adage « Moi homme, toi femme, moi te choisir, toi accepter... », vous connaissez le rôle de Tarzan et de Jane... semble être très actuel.

À propos, trois sociétés de l'indice CAC 40 sembleraient rester pour l'instant masculines : il s'agit de EADS, Capgemini et de STMicroelectronics... Mais tout vient à temps à qui sait attendre.

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