Bulle tropicale dans les télécoms

Par Jean- Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

Cinq cent dix milliards de roupies, soit près de 9 milliards d'euros, c'est au minimum le pactole que le gouvernement indien s'apprête à toucher en vendant aux enchères des licences de téléphonie mobile de troisième génération (3G). Après 143 tours en 25 jours d'enchères, les prix grimpent encore et le processus se poursuit. New Delhi y voit une manne pour colmater le déficit budgétaire. Mais cette envolée qui dépasse toutes les prévisions n'est pas une si bonne nouvelle.

Certes, on est loin des montants atteints par les enchères UMTS il y a dix ans, au moment de la bulle des télécoms. Le coup de marteau s'était arrêté à 37 milliards d'euros dans les enchères britanniques et à 50 milliards en Allemagne. Et un marché de plus d'un milliard d'habitants a de quoi justifier des droits d'entrée élevés. Mais l'équation est différente avec une facture moyenne par abonné au mobile de 7 euros par mois, soit moins du cinquième de celle d'un Français.

D'ailleurs, seuls les opérateurs présents en Inde participent à ce concours. Les Européens ou Nord-Américains, pourtant en quête de relais de croissance, n'y sont pas allés. De même, il y a quelques semaines l'indien Bharti raflait la téléphonie mobile de Zain en Afrique pour plus de 10 milliards de dollars, un prix qui avait fait renoncer Vivendi. Aujourd'hui, le sud-africain MTN lorgne les filiales nord-africaines d'Orascom, jugées trop chères au nord de la Méditerranée. Les opérateurs télécoms du Nord n'auraient-ils plus les moyens d'acheter de la croissance au Sud ? Ils sont sans doute moins à l'aise qu'il y a dix ans. Mais les nouveaux géants du Sud, grisés par leur nouvelle puissance, commencent peut-être à commettre des imprudences.

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