La retraite des éreintés des RTT

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Par Olivier Provost, rédacteur en chef de latribune.fr.

Les partisans des 35 heures vont hurler mais tant pis. On connaissait déjà l'effet pervers de cette mesure malthusianiste : le blocage des salaires dont on paie encore aujourd'hui le prix en perte de pouvoir d'achat. Mais cette mesure, qui a tant profité aux magasins de bricolage et aux voyages à bas prix glanés sur Internet, a eu aussi un autre effet pervers, potentiellement assassin à l'heure de la réforme des retraites : celui de pousser les entreprises et leurs salariés à une productivité horaire quasiment unique en Occident.

C'est à ce prix que les entreprises oeuvrant en France ont pu compenser la perte de productivité de 11% que risquait d'entraîner cette mesure et qui n'a pas eu lieu. Résultat : des journées de travail qui n'en finissent pas, et des week-ends de trois jours qui servent surtout à se reposer de ces semaines éreintantes. Nos voisins allemands, eux, ont l'intelligence de quitter leur job à 17 heures tapantes et de s'offrir une vraie soirée privée. Comment s'étonner que les Français aspirent à partir tôt en retraite, quand ils ont encore la santé, et voient d'un mauvais oeil la perspective d'un recul de l'âge légal de la retraite ou d'un allongement de la durée de cotisation ?

Osons une idée iconoclaste : profitons de cette négociation sur les retraites pour remettre à plat toute notre organisation française de la vie professionnelle et post-professionnelle, à la fois en termes d'horaires et de revenus. Et l'on découvrira que ce n'est pas un simple changement de curseur dans le système des retraites qui va régler le problème d'un coup de baguette magique et faire accepter l'idée pourtant simple que l'allongement de l'espérance de vie doit aussi se traduire par un allongement de la période de travail. Il est curieux de constater qu'en France le débat sur la pénibilité, facteur important pour la question de l'âge du départ en retraite, renvoie encore à de vieux fantasmes comme les conducteurs de locomotive et pas à des données tangibles comme la productivité horaire.