Pour les frigos ou les lave-linge, le pli est pris depuis longtemps. La note de performance énergétique est affichée bien en évidence : des flèches horizontales de couleur et de longueur différentes allant du A vert sombre au G rouge vif, en passant par tout un dégradé. Le consommateur sait d'emblée que le A est synonyme de haute qualité... et de prix élevé. Au 1er janvier prochain, le même code couleur devra figurer sur toutes les annonces de vente ou de location d'un bien immobilier. Ça va faire de la couleur aux devantures des agences ou sur les sites d'annonces, mais ça va surtout mettre une belle pagaille.
Le diagnostic de performance énergétique, depuis 2007, existait déjà, mais il était intégré au dossier de diagnostics techniques, avec le plomb, l'amiante et les termites. C'était comme une taxe, sauf qu'on la versait à un "professionnel" auquel l'Etat a délégué, Dieu sait pourquoi, la charge et le coup de tampon. Là, c'est différent : en affichant la couleur, on va toucher au prix. Des logements estampillés A ou B, il n'y en a pratiquement pas. Les bons commencent à C et le gros du parc immobilier se situe entre D et F.
"Eh, mais il va me coûter cher en chauffage, votre appart' !" Telle sera désormais la phrase qui ouvrira la négociation. A la baisse. Bien sûr, dans les zones déficitaires en logements, les propriétaires pourront résister, mais ailleurs, le pavillon en béton mal isolé ou l'appartement aux immenses baies vitrées risquent une sérieuse décote. On rétorquera que c'est le but recherché : pour éviter cela, tout le monde sera incité à effectuer des travaux d'économie d'énergie.
La chasse aux corps de métier compétents va pouvoir commencer. Etant rares, ils seront chers. Et les "diagnostiqueurs" vont toucher leur dîme deux fois : avant l'annonce et après les travaux. Qui les recommandera aux clients ? Les agents immobiliers ? Les syndics ? Un vaste paysage s'ouvre, qu'on imagine déjà d'une transparence de cristal. Compliquer la vie du citoyen est l'un de ces arts dont la France est la mère.
« Quand nous mettrons le pied sur l'accélérateur, nous serons difficiles à égaler » (Joelle Pineau, directrice de la recherche en IA chez Meta)
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