Carte Vitale et carte de crédit

Par Olivier Provost, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

La France est malade. Malade de ses déficits qui se creusent et gonflent sa dette. Ce virus, les générations actuelles vont le transmettre aux générations futures où il risque de dégénérer. Après les maux de tête d'aujourd'hui viendront les fièvres de demain. Les pouvoirs publics, de gauche comme de droite, tentent en vain depuis des décennies de traiter l'affection.

En préférant jusqu'à maintenant l'aspirine au traitement chirurgical. L'actuel gouvernement ne fait pas exception à cette tradition de prudence bien française - faut-il dire de timidité excessive : autant il a été vigoureux dans la chasse aux niches fiscales et sociales, autant il est timoré dans la baisse des prestations et le traitement du déficit de l'assurance-maladie.

Certes, de mesurette en mesurette, les Français voient bien que leur visite chez le médecin et leurs achats de médicaments sont un peu moins bien remboursés. Les mêmes qui craignent la privatisation de la santé au bénéfice des assureurs assistent, impuissants, aux transferts des cotisations vers les mutuelles... pour ceux qui peuvent se les payer.

Vous avez dit système égalitaire ? Paradoxe, ces ponctions répétées sont très loin de suffire face à l'hémorragie financière du système. Le "trou" de la Sécu restera en l'état, le "modèle social" verra son tissu rapiécé une nouvelle fois. Un simple coup d'oeil aux efforts faits outre-Rhin il y a quelques années en la matière suffit à mesurer pourquoi l'Allemagne caracole quand la France traîne la jambe : nos voisins, plutôt que de taxer davantage les revenus comme nous le faisons en réduisant les niches, ont préféré diminuer dépenses de santé et coût du travail.

En France, les partisans de l'immobilisme rappellent que ces fameux "stabilisateurs automatiques" offrent une formidable protection en période de crise. Ils ont raison, les derniers mois l'ont montré. Mais nous ne pourrons bientôt plus nous offrir un tel système. Nous avons le choix entre l'opération et le risque de gangrène.

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