Mieux vaudrait la boucler sur le bouclier

L'éditorial de François Lenglet

Y a-t-il encore quelqu'un, à Bercy ou à l'Élysée, qui ait les idées claires sur le bouclier fiscal? L'avalanche de commentaires gouvernementaux, ces jours derniers, plonge l'esprit le mieux disposé dans une perplexité profonde. Il y a trois ans, Sarkozy nous expliquait que ce mécanisme, destiné à limiter les prélèvements à 50 % du revenu, était calqué sur les pratiques allemandes - autant dire qu'il s'agissait de la Mercedes de la fiscalité. Aujourd'hui, c'est précisément au nom de la convergence avec l'Allemagne qu'on nous annonce sa disparition. De deux choses l'une. Soit les Allemands sont des girouettes, soit notre ministre du Budget n'entend pas toutes les subtilités de la langue de Goethe. Mettons-nous un instant dans la peau d'un exilé fiscal français en Belgique. Un exilé de bonne foi, l'un de ceux qui, en France, payaient 80 % ou 90 % d'impôt, par exemple après avoir fait fortune en créant leur entreprise - le bouclier était fait pour eux. En 2007, il entrevoit la possibilité de revenir au pays. En 2008, il entend la gauche gronder contre le bouclier. En 2009, c'est la majorité qui s'y met, avec enthousiasme: « Non au cadeau pour les riches », tonnent les députés de droite - nous sommes en France. À l'été 2010, première fissure dans le bouclier, qui ne protégera pas du prélèvement retraite. En septembre, deuxième fissure, le bouclier ne servira pas davantage contre les hausses d'impôts du budget 2011. En octobre, déclarations incessantes que l'on peut résumer ainsi: le bouclier sera supprimé tout en étant maintenu. Le contribuable fortuné et un tant soit peu raisonnable ne peut qu'en déduire que la Belgique est décidément un beau pays.

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